img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P130225-17.jpg" alt="Hamid Grine "livre" son portrait" / La rencontre a été riche, chic et sympathique à la fois. Invité de la balade littéraire de Béjaïa, Hamid Grine, le talentueux et prolifique écrivain a animé, samedi dernier, au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa une conférence-débat autour de ses oeuvres, de son parcours. Contrairement à ses différentes sorties à Béjaïa, cette dernière a été pluridimensionnelle, tantôt écrivain, tantôt essayiste, portraitiste et même journaliste sportif en se remémorant quelques anecdotes de son passage à la Chaîne III avec Chadli Bouferoua. Le romancier a brièvement expliqué son passage de l'écriture journalistique à la littérature. «Le journaliste est comme un flic... à la seule différence, le journaliste divulgue l'information contrairement au flic qui la garde...» Le romancier a également évoqué ses débuts dans l'écriture par ses livres et ses portraits sur les vedettes sportives, dont le livre-portrait sur Lakhdar Belloumi, ensuite sur ses différents livres. L'écrivain a tenu à préciser qu'il a commencé à écrire sans aucun plan marketing, pour dire qu'il n'écrit pas pour s'enrichir, mais plutôt par amour et devoir de décrire certains aspects du vécu de la société algérienne. En effet, dans une ambiance conviviale où l'auteur s'est senti très à l'aise, ce dernier s'est converti en animateur d'atelier d'écriture pour expliquer ce qui sépare le roman d'une nouvelle. «C'est une question de souffle, c'est le rythme qui les sépare, car le roman demande plus de souffle et de rythme», déclara-t-il avant que son ami Djamel Allam ne vienne lui apporter de l'eau à son moulin pour faire le lien avec son domaine «la chanson est une nouvelle de 3 à 5 minutes, quant au roman, c'est une symphonie ou plutôt l'opéra...même si pour moi la nouvelle est parfois plus riche qu'un roman», pour laisser le conférencier répliquer que «la nouvelle est une bonne antichambre du roman». Vient par la suite le tour du dramaturge Omar Fetmouche qui va poser la problématique d'adaptation des pièces d'écrivain par leur transformation en art dramatique en voulant savoir jusqu'à quelle limite l'écrivain peut faire des concessions sur l'oeuvre «deux éléments fondamentaux à ne pas toucher» répliqua-t-il «les valeurs du personnage et le statut et les convictions politiques». C'est dire que la conférence était tellement riche, chic et sympathique à la fois. Hamid Grine s'est même rappelé, comme pour faire des confessions à ses lecteurs sur la traversée du désert qu'il a dû subir durant son séjour au Maroc en déclarant: «A l'étranger, quand vous êtes heureux, c'est à 50 ou à 60%, mais quand vous êtes tristes, c'est être malheureux à 100%». En outre, à une question sur les tabous qui ne se lisent pas dans ses livres, le romancier répond: «Je m'interdis par mesure éducationnelle. Même, si l'autocensure ne mène à rien... J'avoue que je m'autocensure sur tout ce qui choque, car j'ai horreur de choquer...» Par ailleurs, en abordant aussi le sujet sur le silence des intellectuels algériens sur la situation politico-économique du pays. le conférencier n'a pas été avec le dos de la cuillère en assénant des vérités. «Ils ont été castrés, marginalisés et écartés depuis 1962. Qui a pris le pouvoir à l'indépendance, ce ne sont pas les intellectuels à ma connaissance? Au contraire, ils les ont pourchassés. Quant à la Tunisie, la donne est différente. Il existe deux à trois chaînes de télévision plus au moins libres et une multitude de radios locales» avant d'ajouter: «Un écrivain ne peut être engagé que pour l'intérêt général, comme l'intérêt du peuple ou du pays.»