Hamid Grine était le premier invité, jeudi après-midi, du café littéraire, initié par l'ambassadeur d'Autriche, Mme Aloisia Wörgetter, dans l'enceinte même de son ambassade. Le but derrière la création de ce cercle littéraire est de découvrir la littérature algérienne et les différents questionnements qu'elle pose, expose et traite. Et pour entamer ce café littéraire, qui de mieux que Hamid Grine, un écrivain prolixe, au parcours riche en rebondissements, en rencontres et en expérience. Pour l'auteur de Il ne fera pas long feu, c'était une occasion de revenir sur les étapes marquantes de sa carrière littéraire ; une carrière qui semble indissociable de son parcours personnel, lui qui avait commencé dans la presse comme journaliste sportif. Si on répète souvent que le journalisme mène à tout, il paraît évident que c'est à la littérature qu'il a mené Hamid Grine. Au milieu d'un “comité” purement féminin, Hamid Grine est revenu, avec aisance, sur son parcours dans le milieu du journalisme, sur son exil au Maroc, sur sa correspondance avec Françoise Giroud, sur son rapport à l'écriture, et surtout sur sa vie quotidienne qui l'inspire souvent, ce qui rapproche quelque peu sa littérature de l'autofiction. Après une expérience riche dans le milieu de la presse, durant laquelle il a côtoyé les plus grands noms du journalisme algérien, Hamid Grine a évoqué la douloureuse expérience de l'exil. Durant la décennie noire, l'écrivain, menacé, avait choisi le Maroc comme destination. Même s'il a rendu hommage aux Marocains dans deux livres, pour le soutien qui lui ont apporté, dans un moment très difficile, il a avancé – sans amertume et sans rancune – qu'il était surveillé, épié et dérangé par la DST marocaine. D'après Hamid Grine, “il était étonnant que je choisisse le Maroc comme lieu d'exil, alors que la première destination des Algériens était la France”. De cet exil, naîtra le livre, Cueille le jour avant la nuit ou dit “ce qui l'a a aidé à vivre”. Au retour du pays, Hamid Grine, auteur de plusieurs ouvrages sur le sport, mais également du très bon livre de portraits, Comme des ombres furtives, ainsi que l'ouvrage de communication politique, Une élection pas comme les autres, soutenait en 2005, qu'il ne ferait “jamais de roman”. Mais il finira par céder à la tentation, et sortira un premier roman intitulé la Dernière Prière. “Un livre qui n'a pas eu la vie qu'il méritait”, a-t-il estimé. Puis les romans se succèdent à une fréquence d'un roman par an, notamment la Nuit du henné (inspiré d'une histoire vraie), et bien évidemment le Café de Gide : “Un roman très personnel” où il pose “la problématique de l'urbanisme” et se demande “qu'avons-nous fait de nos villes ?”, tout en réfléchissant sur “l'incommunicabilité entre les générations”. Hamid Grine sortira ensuite Il ne fera pas long feu, un roman qui révèle les dessous de la presse. Ces deux derniers romans seront prochainement adaptés au cinéma par Bachir Derraïs. Quant au dernier roman, un Parfum d'absinthe, Hamid Grine a annoncé qu'il allait sortir en octobre prochain, en France, et portera le titre, “Camus dans le narguilé”. Ce titre est justifié par la présence d'Albert Camus dans le livre. L'auteur relève concernant l'intérêt qu'on porte à Camus qu'“on parle plus de Camus que des écrivains algériens pour deux raisons : son ambiguïté et sa mort”. Dans cette nouvelle édition, un chapitre a été supprimé, ainsi qu'un personnage, et une phrase a été ajoutée. En outre, Hamid Grine sortira, en Algérie, à la “rentrée”, un recueil de nouvelles et hésite encore sur le titre de l'ouvrage.