Depuis quelques jours un certain nombre de journalistes ont fait l'objet d'interpellations par la police et la justice. Le directeur du quotidien Le Soir d'Algérie, Fouad Boughanem, a été auditionné hier devant le juge d'instruction. M.Boughanem a indiqué que l'audition chez le juge d'instruction portait sur plusieurs articles signés notamment par Kamel Amarni, Mohamed Bouhamidi et Hakim Laâlam. Ces articles ont été jugés attentatoires à la personne du président de la République. Les journalistes nommés se présenteront aujourd'hui devant le juge d'instruction. Ainsi, le processus de harcèlement et d'intimidation de la presse se poursuit. Après le feuilleton de suspension qu'ont connu plusieurs titres de la presse privée dont L'Expression, le processus de harcèlement suit son cours, notamment à l'approche de l'élection présidentielle. Pour rappel, le directeur de L'Expression Ahmed Fattani et le chroniqueur Mirou sont les premiers à faire les frais de cette nouvelle vague d'intimidation, pour un article écrit par Mirou dans la chronique «Le revers de la médaille» et intitulé «Nabot Léon». Les deux ont été entendus par le procureur de la République après avoir refusé de signer le PV et de ne répondre que devant le juge. Après une première audience devant le juge d'instruction, ce dernier a prononcé l'inculpation et nos confrères ont été remis en liberté provisoire. Ensuite arrive le tour du directeur du quotidien Le Matin ainsi que le caricaturiste de Liberté, Ali Dilem. Ils ont été embarqués samedi après avoir refusé, eux aussi, de répondre aux convocations de la police, se conformant ainsi à la décision de ne donner suite qu'à des convocations de justice. Une fois devant le juge d'instruction, Benchicou et Dilem ont été mis en liberté provisoire. Il est à rappeler à ce titre que le directeur du Matin est mis sous contrôle judiciaire depuis le mois de juillet 2003. Cette condamnation est survenue à l'encontre de Benchicou après une accusation de «tentative de transfert illégal de fonds». Il a fait l'objet de plusieurs interpellations. Il avait été arrêté à l'aéroport en possession de bons de caisse. Par ailleurs, les prémices d'un épisode semblable à celui du mois d'août 2003 se dessinent à l'horizon. Tout semble indiquer que les auditions et les inculpations défileront tout au long de la semaine. De nombreux journalistes auront à rallier leur rédaction respective et les locaux du commissariat central et du tribunal d'Alger. Mohamed Benchicou, Farid Alilat, Dilem, Fouad Boughanem, Hakim Laâlam, Kamel Amarni et Mohamed Bouhamidi sont tous dans le collimateur. On rappellera que la suspension qui a frappé les six titres de la presse indépendante, dont L'Expression a été maquillée par des arguments commerciaux fallacieux. Décidément, le bras de fer entre la presse privée et les autorités revient en charge mais cette fois-ci à trois mois de l'échéance électorale.