Avec ces deux films, Le Maroc et l'Afrique du Sud entrent en compétition. Le Marco a fait son baptême du feu lors de la première journée du Fespaco, avec ce film qui a fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie nationale au Maroc. Les ailes de l'amour. Le titre lui-même, bien évocateur et presque alléchant, nous introduit de plain-pied dans le vif du sujet. Dans la médina de Casablanca, le jeune Thami, alias Omar Lotfi, brave la colère de son père, conservateur, issu d'une longue lignée de juges religieux, pour embrasser le métier de boucher. Un lieu, où manier la viande lui donne libre accès à une autre passion non moins avouable, cette autre envie de la «chair», qu'il découvre d'abord avec Hadja Hlima puis en tombant ardemment amoureux de la belle jeune Zineb, une comédienne audacieuse portant le doux prénom de Ouidad Elma. Un film dit-on qui porte sur «la quête de liberté et la révolution par l'amour dans le Maroc d'aujourd'hui en pleine mutation». Controversé en raison de ses scènes d'amour qualifiées de «trop érotiques», le film aurait dérangé principalement en raison de ces scènes osées plongées dans la pieuse société marocaine conservatrice. Si le film se plait à mon- trer l'apprentissage de ces choses de l'amour avec naïveté ou à dessein purement commercial (c'est selon), la tentative de dénoncer une certaine hypocrisie qui règne parmi les tenants du pouvoir garants de la bonne morale est mise en exergue avec dérision et clarté. Est-cela qui aurait dérangé au fond? De la sensualité à fleur de peau à répétition certes, mais après tout, cela suffit- il réellement pour en faire un bon film? Certainement pas. Les Ailes de l'amour n'est pas un film réussi tant sa mise en scène pêche par un certain excès de frivolité et de niaiserie affligeantes bien que parfois rehaussées d'une fraîcheur assez amusante. Coécrit par Abdelhaï Laraki, Violaine Bellet, Les Ailes de l'amour est en fait l'adaptation cinématographique d'un roman (de Mohmed Nedali, Ndlr). Cependant, il lui manque la force du film Pégasse de Mohamed Mouftakir, lauréat de l'Etalon de Yennenga en 2011. Un autre film marocain, celui de Nabil Ayouche, Les Chevaux de Dieu risque, pour sa part, de plaire au jury puisqu'il évoque avec une mise en scène assez intéressante un sujet d'actualité dans les sociétés arabes et principalement maghrébines, qui fait rage ces dernières années, à savoir le terrorisme islamiste. How to steal 2 millions de Charlie Vundla est un film sud-africain, qui a été également projeté en compétition officielle durant la journée de dimanche dernier. Une histoire de fric, de meurtre, et de cas de conscience, réunissant deux hommes et deux femmes. Un vol d'argent qui tourne au vinaigre, s'ensuit des règlements de comptes. Un drame policier, assez convaincant qui confirme l'image que d'aucuns s'imaginent de l'Afrique du Sud. Peut-être un peu trop? Un pays très violent. Un cliché usé et usant? Au cinéma de lui insuffler un plus de glamour et de charme...Réaliste ou non, qu'importe la vraisemblance tant qu'on y passe un bon moment.. Géant continental, l'Afrique du Sud n'a été honorée du plus beau trophée du Fespaco qu'une fois, en 2005, avec Drum de Zola Maseko. Ce film a été qualifié par les spectateurs d'obédience américaine dans son esprit. Sans doute un peu comme Viva riva, premier film congolais à succès, un thriller de Djo Tunda Wa Munga qui a fait énormément de bruit en raison du sexe qui domine dans ce film. Comme quoi, l'Afrique a toujours besoin hélas de provoquer pour faire parler d'elle. O. H.