Peut-on tenir la canne par le milieu, pour reprendre l'expression imagée qu'affectionnait le président Houari Boumediene? En tout cas, cette pratique est devenue le sport favori du MSP, qui a toujours su garder deux fers au feu, un dans l'opposition et l'autre dans le gouvernement. Sachant que le MSP est membre de la coalition gouvernementale, on ne s'attendait pas à le voir participer aux réunions du groupe des onze et contresigner le déclaration qui a été rendue publique et qui demande la désignation d'un gouvernement neutre, en vue de garantir la transparence du scrutin. Et quelle ne fut ensuite la stupéfaction des lecteurs de cette déclaration en lisant que le MSP a justement émis des réserves à propos de cette clause. Il faut être le MSP pour être sans y être, signer tout en émettant des réserves, participer tout en disant je n'y suis pas. En laissant ouverte la session du majliss echoura, le MSP envoie des signaux qui ne trompent pas : il n'est pas question pour lui de lâcher la proie pour l'ombre, lui qui a fait de l'entrisme une spécialité bien à lui, une sorte de marque déposée, une caractéristique propre, presque une seconde nature. Que peuvent offrir les membres du groupe des onze au MSP pour l'aguicher, alors que le cercle présidentiel, désormais allié au parti de l'administration, le RND, vient de décrocher quatre sièges de sénateurs dans le quota du tiers présidentiel. Le RND et le MSP sont tout ce qui reste de la fameuse coalition gouvernementale et qui constituait ce qu'on peut appeler la majorité présidentielle. Cette majorité s'est réduite au fil des mois comme une peau de chagrin, et ce qui en reste se range sans état d'âme derrière un chef de l'Etat autour duquel les partisans sont en retard d'un redressement - le dernier en date avait été le redressement révolutionnaire dont M.Bouteflika était l'un des artisans. Les signaux envoyés par le MSP ne trompent pas : on s'achemine vers un soutien au candidat-président, mais alors qu'une telle attitude avait quelque élégance du temps de cheikh Nahnah, qui avait du bagou et de l'entrain, il y a crainte que cette fois le soutien obtenu à l'arraché ne manque de quelque entregent. En ne tranchant pas la position par rapport à la présidentielle, en hésitant entre présenter son propre candidat ou soutenir quelqu'un d'autre, le MSP en fait ne trompe personne. Tout le monde sait qu'en faisant durer le suspense, il vise seulement à donner à son soutien plus de poids, tout en attendant de quel côté va souffler le vent. Tiens ! Et si Bouteflika était lâché par les «décideurs», le MSP ne risquerait-il pas de perdre la mise et d'être Gros-Jean comme devant? Alors il fait semblant, il fait comme si ! Et c'est bien dommage, lorsqu'au sein du même MSP on trouve des personnalités politiques de valeur comme le Dr.Ghoul, dont tous les chefs de gouvernement avec lesquels il a travaillé ont loué la compétence. Cela dit, il ne fait aucun doute que la valse hésitation du MSP va profiter en premier lieu au mouvement El-Islah de cheikh Abdallah Djaballah, qui a justement profité de la modération du MSP pour radicaliser son discours et apparaître comme un recours possible à ce qui constitue la base islamiste, depuis que l'ex-FIS a été mis hors jeu. Par conséquent, la position du MSP ne sera pas innocente. Elle répondra à une multitude de questions qui taraudent la classe politique et éclairera sûrement sur le futur vainqueur à l'élection présidentielle, non pas que l'électorat du MSP soit déterminant, mais avec le sens de l'opportunisme qui caractérise le MSP, il permet de voir vers quel tendance vont les faveurs du moment.