11 pays africains ont signé en présence de Ban Ki-moon cet «accord-cadre» dans lequel le président congolais, Joseph Kabila, promet d'accélérer sa réforme du secteur de la sécurité et de poursuivre les réformes démocratiques. L'accord régional signé à Addis-Abeba le 24 février pour pacifier l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) a eu comme premier effet la scission du mouvement rebelle M23 alors que d'autres groupes armés gagnent en activité dans une région agitée par des troubles endémiques. Onze pays africains ont signé en présence du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon cet «accord-cadre» dans lequel le président congolais Joseph Kabila promet d'accélérer sa réforme du secteur de la sécurité et de poursuivre les réformes démocratiques. Les pays voisins s'engagent pour leur part à ne pas aider ni soutenir de mouvement rebelle en RDC. Le Mouvement du 23 mars (M23) - que les Nations unies disent être soutenu par le Rwanda et l'Ouganda, qui démentent - devrait y perdre, si l'accord est respecté, une bonne partie de son pouvoir de nuisance. Dans les jours qui ont suivi l'accord, le M23, qui tient en échec l'armée congolaise depuis près d'un an, a éclaté en deux factions. Son chef militaire, le général Sultani Makenga, partisan d'une normalisation des rapports avec Kinshasa, a destitué de ses fonctions le président politique Jean-Marie Runiga, qui voulait reprendre la guerre, estimant ne pas pouvoir faire confiance à Kinshasa. Les partisans des deux hommes se sont tirés dessus, faisant plusieurs dizaines de morts des deux côtés. Runiga, accusé de collaborer avec le général mutin Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, est maintenant réfugié dans le parc des Virunga avec 500 partisans, selon le M23 et une source militaire occidentale. Runiga y voisinerait avec différents groupes armés locaux Maï Maï ainsi qu'avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr), une rébellion hutu constituée d'ex-militaires hostiles à Kigali et pour certains soupçonnés de participation au génocide de 1994. Le M23, créé en mai dernier par d'anciens rebelles intégrés dans l'armée, a donné du fil à retordre à l'armée gouvernementale. Il a d'abord conquis au printemps 2012 une partie du Rutshuru, un territoire de la province du Nord-Kivu adossé aux frontières ougandaise et rwandaise. Fin novembre, il a occupé une dizaine de jours Goma, la capitale provinciale. Il s'en est retiré en échange de l'ouverture de discussions avec le gouvernement congolais à Kampala. Kampala où le président Kabila a rencontré au cours du week-end le chef de l'Etat ougandais Yoweri Museveni. Trois mois de discussions laborieuses ont mené à un constat de carences dans le précédent accord signé en 2009 pour l'intégration de tous les groupes armés dans l'armée régulière. Selon une source occidentale, une nouvelle intégration des rebelles dans l'armée serait envisagée. Et la marginalisation de leur aile dure, celle de Runiga, semble aller dans le sens d'un compromis avec Kinshasa, confirme une source militaire occidentale à Kinshasa. L'entrée du M23 à Goma a aussi mis à mal l'image de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), forte de 17.000 hommes mais qui n'ont pas été capables d'arrêter les violences dans l'Est, malgré l'utilisation d'hélicoptères de combat. L'engagement de Ban Ki-moon dans l'accord-cadre, dont la signature a été précédée de péripéties diplomatiques, s'explique, selon un diplomate occidental, par les critiques dont la Monusco a été l'objet de la part de plusieurs capitales occidentales. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit prochainement examiner une nouvelle résolution créant une brigade d'intervention de 2500 hommes chargée d'imposer la paix dans l'Est. Ce projet, qui n'est pas cité dans l'accord d'Addis-Abeba, serait une nette réorientation du concept onusien de maintien de la paix.