Le parquet général d'Alger l'a remis en liberté avant-hier, après son expulsion de France le 16 octobre dernier, en application d'une interdiction définitive de séjour dans ce pays. Le parquet justifie cette décision de libération par le fait de s'être enquis du procès-verbal des premières investigations et après l'interpellation du mis en cause. Nacer Hamani avait été placé en garde à vue dès sa descente d'avion à Alger, ce qui avait, on s'en souvient, alimenté une polémique des plus vives dans les médias français, notamment lesquels parlaient alors de séquestration, de rapt et d'autres scénarios plus fantaisistes les uns que les autres. En réalité, Nacer Hamani, aussitôt arrivé à Alger, a eu à répondre devant la police. Cette procédure répond à une nécessité de l'enquête préliminaire au niveau de la police judiciaire, sous le contrôle du ministère public, conformément au code de procédure pénale. Le délai de garde à vue peut aller jusqu'à onze jours, en vertu des textes sur l'état d'urgence, qui restent toujours en vigueur et, de ce fait, Hamani est resté en détention du 16 au 27 octobre, c'est-à-dire onze jours exactement. Durant ce laps de temps, les commentaires ont fait état de la disparition de Hamani, de son «enlèvement» par la police algérienne ou encore de la possibilité qu'il ait regagné les maquis islamistes. Hamani, 36 ans, a purgé en France une peine de huit ans de prison infligée par le tribunal correctionnel de Paris et confirmée en appel pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», formule adoptée pour exprimer les liens qu'auraient des accusés avec des organisations armées telles que le Gspc ou le GIA. Les officiels français devant, la «disparition» de Nacer Hamani du circuit ont préféré temporiser avant de réagir. Le désarroi de sa famille, aussi bien en France qu'en Algérie et qui n'a eu aucune information à son sujet, l'a poussée à se payer les services de Me Khellili, avocat des causes islamistes, et les spéculations ont pris des tours carrément hostiles aux autorités algériennes. Le 26 octobre, c'est-à-dire la veille de la libération, et sous le titre révélateur de «Affaire Hamani: silence des Algériens, embarras des Français», le journal électronique Interface se noyait dans des spéculations que, le lendemain, le parquet général allait faire tomber à l'eau. Que la France le juge, l'emprisonne, puis l'extrade vers l'Algérie, dans un tohu-bohu monumental, n'a étonné personne, mais que l'Algérie le maintienne en garde à vue onze jours, et c'est parti pour les conjectures les plus fantaisistes. Pourtant, une déclaration du procureur général d'Alger, datée du 21 octobre, aurait pu rassurer. Elle faisait état notamment d'un placement de Hamani «en garde à vue pour nécessité de l'enquête préliminaire au niveau de la police judiciaire sous contrôle du ministère public». Hamani, comme Kelkal, le gang de Roubaix et les petits voyous de la banlieue parisienne qui rêvaient de devenir de grands caïds, sont la création et le cumul des problèmes de l'Hexagone, quant à l'emballage islamiste, il n'a servi qu'à affermir et à justifier la violence déployée par les radicaux et les cercles mafieux en France. Plusieurs de ces activistes étaient en France depuis fort longtemps pour perdre toute attache idéologique avec le radicalisme déployé par les obédiences extrémistes théologico-politiques, tel le FIS. Quoi qu'il en soit, la libération de Nacer Hamani sonne comme une déroute aux spéculateurs du marché politique. Aucune charge n'ayant été retenu contre lui en Algérie, celui qui a déjà purgé sa peine a eu tout le loisir de «vivre» la justice algérienne. Tout terroriste qu'il fût en France, il n'a pas été torturé en Algérie pour autant. C'est tout dire.