Les discussions entre le chef du gouvernement et les 24 se poursuivront cette matinée à partir de 10 h après une pause d'une journée. Les deux parties ont entamé, il y a 3 jours, des débats autour du premier chapitre du document de mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Il s'agit de la réparation morale et matérielle aux victimes du Printemps noir. Dans ce sens, les archs exigent de «l'Etat la reconnaissance officielle et publique de ses responsabilités unilatérales, pleines et entières dans les événements du Printemps noir 2001 par la prise en charge de l'ensemble des réparations morales et matérielles vis-à-vis de toutes les victimes et les ayants droit». Hier, les délégués que nous avons pu contacter se sont refusés à tout commentaire sur le contenu de ces pourparlers. Interrogé sur le déroulement des séances du dialogue, un membre des 24 s'est contenté de dire: «Il y a des moments où les débats avancent sans peine, mais parfois, le rythme des discussions ralentit sensiblement.» De son côté, le chef du gouvernement a été appelé, hier, pour assister à la cérémonie de clôture des travaux du sénat. Harcelé par des journalistes qui demandaient des explications sur la 6e incidence, Ouyahia n'a pas mâché ses mots en déclarant: «Les élus sont censés représenter la population, or, cette dernière les récuse.» Cette phrase signifie que le représentant de l'Etat ne compte pas faire marche arrière quant à la révocation des indus élus. Sur le terrain, la région de Kabylie semble renouer avec le calme, mais la situation demeure tendue. Après un week-end surchauffé, ponctué d'actions sporadiques, les yeux sont braqués vers les APC et les APW. Alors que les militants du FFS sont sur le qui, vive et n'écartent pas une action dans la rue, un coup magistral a été donné hier par un élu FLN à l'APW de Tizi Ouzou en annonçant sa démission. Ce n'est pas tout, M.Kerrouche, car il s'agit de lui, suggère à ses collègues d'«en faire autant pour une meilleure issue du dialogue». Le démissionnaire considère que les six incidences satisfaites par Ouyahia «sont le prélude d'un recouvrement de sérénité et de paix dans la région et, par voie de conséquence, de la stabilité du pays». Tout porte à croire que cet élu FLN se range dans le camp des redresseurs. Ainsi, il vise non seulement à affaiblir les pro-Benflis dans la région mais également à renforcer la position d'Ouyahia et, donc, du président de la République. Mais la principale victime de cette 6e incidence reste le parti d'Aït Ahmed, qui ne compte pas baisser les bras. Profitant de la solidarité manifestée par plusieurs associations à son égard, le FFS peut faire une démonstration de force dans les prochains jours. Du côté des anti-dialoguistes, c'est l'expectative, voire la déroute. Aucune action n'est envisagée à l'avenir. Leurs rivaux qui ont arraché la satisfaction de la 6e incidence ont démontré par là que l'option du dialogue commence à porter ses fruits. Ainsi, il semble que l'aile anti-dialoguiste est complètement éclipsée par l'ampleur des événements. Et ce n'est qu'un début, car le processus du dialogue est toujours en cours. Si les interlocuteurs d'Ouyahia arrivent à arracher un autre résultat, ils signeront de fait la faillite et des partis politiques et des antidialoguistes.