Alors que le gouvernement multiplie les mesures incitatives au profit des chômeurs, ces derniers ne décolèrent pas. Rien ne va plus. Entre le gouvernement et les jeunes, le courant ne passe pas. C'est un véritable dialogue de sourds. Alors que l'Exécutif multiplie ces mesures incitatives au profit des chômeurs, ces derniers ne décolèrent pas. La protesta gagne du terrain. Des manifestations sont organisées au quotidien à travers le pays, accentuant davantage le malaise social. Cette situation démontre l'absence de coordination et de concertation entre les deux parties. Les jeunes crient leur misère à qui veut les entendre et le gouvernement faufile des stratégies à sa tête. Au lieu d'ouvrir un dialogue direct avec les représentants de la société civile, le gouvernement perd son temps à élaborer des politiques incompatibles avec le terrain. Plus d'un mois depuis le début des mouvements de contestation, le feuilleton continue. Après Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, El Oued était hier au rendez-vous. Les chômeurs ont organisé un grand rassemblement à la place Hamma-Lakhdar où est érigé le monument aux martyrs. Initié par le Comité national de la défense des droits des chômeurs (Cnddc), le mouvement interpelle une nouvelles fois le gouvernement sur ses revendications sociales. Selon Tahar Belabbès, le Cnddc revendique depuis El Oued, «l'instauration d'un Etat de droit où tout devra se faire dans une totale transparence et nous réclamons la création d'institutions stratégiques qui renforcent l'économie nationale». Ce représentant a rejeté les accusations du pouvoir qui taxe les manifestants de séparatistes. «El Oued, c'est la région la plus touchée par le terrorisme dans le Sud. Donc, les citoyens ainsi que les jeunes chômeurs ont toujours peur, même pour réclamer des petits droits, peur d'être arrêtés, peur d'être accusés et si on est ici aujourd'hui, c'est pour briser le mur de la peur. On va ensemble réclamer nos droits constitutionnels, droit au travail. On va exiger du chef du gouvernement d'appliquer sur le terrain ses promesses et ses dernières mesures en faveur des chômeurs du Sud et de dialoguer directement avec les représentants des chômeurs». Lassés par les promesses non tenues, les chômeurs sont déterminés à aller jusqu'au bout cette fois-ci. Malgré que le gouvernement communique à chaque occasion les mesures prises au profit des chômeurs du Sud, ces derniers restent peu convaincus. Jeudi dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a annoncé que de nouveaux avantages fiscaux destinés à encourager les entrepreneurs à investir dans les projets de développement au sud du pays sont en cours d'étude. Selon le ministre, ces nouvelles mesures sont de nature à contribuer à faire avancer la réalisation de ces projets, notamment dans les secteurs des travaux publics, des investissements dans l'agriculture et pour la création de postes d'emploi. Ces mesures risquent de ne rien apporter sur le terrain. L'Etat a consacré un budget de 500 milliards dans le programme de développement du Sud, mais cela n'a rien changé pour les gens du Sud. La preuve, le terrain l'illustre parfaitement. Alors que dans d'autres pays pétroliers comme l'Arabie Saoudite, les Emirats, des villes mortes ont été transformées en un paradis, en Algérie, les villes du Sud manquent de tout. Ni infrastructures, ni lieux de loisir, ni centres de soins, la population du Sud est privée de toutes les commodités de la vie.