Les Etats-Unis déploient le destroyer USS Fitzgerald au large des côtes de la Corée du Sud Le Nord a indiqué qu'il «réaménageait et redémarrait» toutes les installations de son complexe nucléaire de Yongbyon, dont un site d'enrichissement d'uranium et un réacteur de cinq mégawatts. La Corée du Nord a franchi une nouvelle étape hier dans son bras de fer avec la Corée du Sud et les Etats-Unis en annonçant son intention de redémarrer un réacteur nucléaire arrêté en 2007 malgré les résolutions de l'ONU lui interdisant tout programme atomique. Rétif aux injonctions répétées des Etats-Unis et de la Corée du Sud, le régime nord-coréen a multiplié les annonces et les actes de défi depuis le lancement réussi en décembre d'une fusée considéré comme un tir d'essai de missile balistique, puis un troisième essai nucléaire en février. Hier, le Nord a indiqué qu'il «réaménageait et redémarrait» toutes les installations de son complexe nucléaire de Yongbyon dont un site d'enrichissement d'uranium et un réacteur de cinq mégawatts. Ce réacteur était la seule source de plutonium pour le programme nucléaire militaire du Nord, qui en disposerait encore suffisamment pour produire entre quatre et huit bombes. L'uranium n'est pas plus puissant que le plutonium mais les sous-sols nord-coréens en sont riches. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a déploré une annonce «très regrettable» et appelé le Nord à «honorer les accords et les engagements du passé». «Nous allons suivre la situation de près», a souligné un porte-parole du ministère. Un porte-parole de la diplomatie chinoise a fait part des «regrets» de la Chine et appelé à la «retenue» en rappelant l'attachement de Pékin à la «dénucléarisation» de la péninsule coréenne. Cette décision est conforme à la volonté du régime de «renforcer (son) arsenal nucléaire à la fois en qualité et en quantité», et nécessaire à la résolution de «graves» pénuries d'électricité, a justifié un responsable nord-coréen cité par l'agence de presse Kcna. Puissance nucléaire militaire depuis son premier essai en 2006, la Corée du Nord avait accepté en 2007 d'interrompre ses activités atomiques en échange d'une aide économique et de garanties de sécurité. Le processus semblait bien engagé depuis la désactivation de Yongbyon en juillet 2007 et la démolition de sa tour de refroidissement en juin 2008. Mais Pyongyang a toujours refusé les inspections de ses installations et s'était retiré en décembre 2008 des négociations à Six sur son programme nucléaire associant la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Russie et les deux Corée. En 2010, le régime avait dévoilé à des scientifiques américains qu'il travaillait sur la construction d'un réacteur nucléaire, officiellement pour une utilisation civile, avec de l'uranium enrichi. Il avait ensuite laissé entendre en février 2012 qu'il comptait suspendre ses programmes nucléaire et de tests de missiles après un accord passé avec les Etats-Unis sur des aides alimentaires. Mais cet accord a rapidement pris fin après un tir raté de fusée le 13 avril, également analysé comme un tir de missile balistique déguisé. La mention d'un «réaménagement» ou d'une «modification» de certains équipements du complexe de Yongbyon fait craindre qu'ils ne soient convertis, si ce n'est déjà le cas, en une unité d'enrichissement capable de produire de l'uranium à usage militaire. «La modernisation de l'énergie nucléaire est une clé (...) du développement de la technologie pour produire des armes nucléaires plus légères, miniaturisées, d'un tout autre niveau», avait prévenu le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un dimanche. Beaucoup d'observateurs estiment que le Nord mène depuis plusieurs années des activités d'enrichissement sur des sites secrets et que le troisième essai nucléaire a été conduit à partir d'une bombe à l'uranium. Dans ce contexte, Washington et Séoul ont lancé plusieurs avertissements à Pyonyang, indiquant qu'ils riposteraient fermement à toute «provocation»