De 2001 à 2009, 856 enlèvements d'enfants ont été enregistrés Véritable défi à l'Etat de droit, la corruption, sport national par excellence, ronge tous les espaces sociaux. Paradoxalement, l'embellie financière que connaît le pays a charrié un lot de phénomènes pour le moins inquiétants. Kidnapping, chômage et corruption sont devenus un «triptyque» sur lequel est rythmée la vie nationale. Véritable défi à l'Etat de droit, la corruption, sport national par excellence, ronge tous les espaces sociaux, institutionnels. Elle n'épargne aucune frange de la société. Le passe-droit, le petit bakchich sont en passe de devenir la norme de fonctionnement de toutes les institutions et administrations, tous secteurs confondus. Le scandale Sonatrach à travers ses épisodes continus, le kidnapping qui cible les hommes fortunés, le rapt d'enfants, le chômage dans toute sa cruauté, dans tous les coins de l'Algérie... autant de «maux» qui se bousculent pour arracher un «bel» emplacement sur les «une» des journaux. Voilà ce qui est servi au peuple. Les caisses de l'Etat débordent. Plus dans les poches des corrompus et voleurs de la République. Mais vraisemblablement pas assez pour réduire le phénomène du chômage, favoriser la création d'emplois. Cela ne semble pas être l'objectif de l'heure. Le pays recèle des richesses à travers ses enfants créateurs et entrepreneurs... cibles des kidnappings et d'actes crapuleux. Manifestement, le pays est dans un contexte délétère. Les affaires de corruption de Sonatrach, viennent amplifier la colère et la mobilisation des jeunes du Sud qui demandent, manifestent pour le travail et la justice sociale. Dans les quartiers populaires, dans les villages, un peu partout dans nos villes et même dans notre désert, les Algériens, femmes, hommes et enfants, jeunes, ou vieux, en millions se sentent salis et trahis par la honte dans laquelle nous ont conduits ceux qui étaient censés défendre l'Algérie! Alors que les milliers de chômeurs manifestent sur les sables du désert, alors que juste avant de mourir des milliers de cancéreux ne parviennent pas à avoir un rendez-vous dans des centre anti-cancer faute de places, alors que des millions de travailleurs croulent sous la misère et la vie chère, alors que des enfants se font kidnapper, violer et tuer, alors que...en face des corrompus, des voleurs, des kidnappeurs tracent les limites de millions d'avenirs et d'espoirs. Les Algériens sont simplement en colère. L'on se rend compte alors d'un tel chaos, quand on retient ce que scandent les chômeurs du Sud: «Le Sahara pourri par des corrompus, juste pour quelques dollars.» Entre- temps, loin de ces mêmes dollars, quelque part dans certains douars, des Algériens se font kidnapper et délester. Avant, sur ce chapitre, les regards étaient presque détournés. Cela relevait du spécifique, compte tenu que le phénomène concernait une seule région: la Kabylie. Surtout une seule catégorie: les riches. Après que plus de 70 enlèvements aient été enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou ces dernières années, le phénomène a pris une autre dimension. D'abord, s'il s'est généralisé petit à petit sur l'ensemble du territoire national. Ensuite, il frappe sans distinction aucune. Le phénomène des enlèvements cible les jeunes filles et a pris de l'ampleur. Pis encore, durant l'année précédente, 300 enfants ont été enlevés sur tout le territoire national. Pour les années 2010, 2011, une moyenne de 200 cas de kidnappings d'enfants par an a été enregistrée. Entre les années 2001 à 2009, environ 856 enlèvements d'enfants ont été enregistrés. La plus grande affaire criminelle qu'a eu à traiter la justice en Kabylie, celle de l'assassinat de l'entrepreneur Hand Slimana, revient cette semaine. Le présumé fournisseur d'armes au plus dangereux gang qu'a connu l'Algérie, sera jugé le 10 avril prochain au tribunal criminel de Tizi Ouzou. Il s'agit d'Antikane Mansouri, condamné par contumace à 20 ans de prison. Les années de violences et de terrorisme ne sont pas sans séquelles. La société a hérité des plus traumatiques. Le kidnapping est, du point de vue psychosocial, un prolongement de cette même violence. La Kabylie est sans doute la région qui a connu le plus de kidnappings. À l'insécurité installée par les groupes terroristes se sont «greffées» ces pratiques de grand banditisme, quand elles ne connaissent pas des prologues crapuleux. Il faut dire que la mémoire collective retient les tristes épisodes qui ont défié la chronique, des enlèvements qui ont ciblé des personnalités et autres acteurs du monde économique, patrons, ou membre de leurs familles... à l'Etat de réagir de manière ferme!