Une vue de la cour d'Oran Ces deux incidents interviennent au moment où l'actualité nationale se trouve chargée d'affaires liées aux scandales de corruption. Encore une fois, Dame justice est sous les feux de la rampe. En l'espace de quelques jours, deux incidents ont touché l'institution judiciaire. Avant-hier, un incendie s'est déclenché à la cour d'Oran, soit quelques jours après le vol qui a eu lieu au niveau de la cour d'Alger. Ces deux incidents intervenant au moment où l'actualité nationale se trouve justement chargée d'affaires liées à la corruption, ont soulevé moult questions. Des milieux autorisés s'interrogent sur la similitude et surtout la coïncidence de ces deux incidents. Mais il n'est nullement question de douter de la bonne foi des procureurs généraux des deux cours qui ont à s'exprimer de manière claire et officielle sur ces incidents. «L'incendie est un accident fortuit», a expliqué le procureur général de la cour d'Oran, hier lors d'un point de presse, ajoutant qu'«il a été provoqué par un court-circuit au niveau de la lumière, une lampe électrique de la salle des archives, qui s'est détériorée, a été la raison principale». Le PG a insisté que «l'incendie n'a pas causé d'incidences sur la minute (dossiers de base) qui est conservée dans une autre salle mitoyenne», réfutent catégoriquement l'existence d'un quelconque lien entre le vol qui a eu lieu au niveau de la cour et l'incendie de la salle des archives de la cour d'Oran. Avec le même ton, la même concision, le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, s'est expliqué sur l'incident à la cour d'Alger. Il a apporté un «démenti catégorique» quant «aux allégations faisant état de disparition, de dissipation ou de détérioration de dossiers de procédure». «Il en est de même pour la base de données qui ne fut nullement touchée», a-t-il ajouté. «L'intrusion faite au siège de la cour d'Alger la nuit du 28 au 29 mars 2013 a soulevé, à juste titre, la préoccupation de l'opinion publique nationale suite à ce qui fut rapporté comme informations par certains organes nationaux de presse, relativement aux faits tout en se posant des questions quant à la réalité et aux causes de ce qui s'est passé, reprochant ainsi aux autorités publiques leur silence», a-t-il, en outre, indiqué. Comment douter, en effet, de cette bonne foi quand, même le chef de l'Etat a brandi le sabre de la justice au sujet des affaires de corruption? Le président Bouteflika a réitéré sa confiance en la justice pour sanctionner les corrompus. «Je fais confiance à la justice de notre pays pour tirer au clair l'écheveau de ces informations, pour situer les responsabilités et appliquer avec rigueur et fermeté les sanctions prévues par notre législation», avait-il déclaré lors d'un message adressé le 24 février à l'Ugta. Une déclaration qu'il a réitérée le 19 mars dernier. Le chef de l'Etat rassure que la justice a des capacités pour aller loin dans ses investigations. «La justice jouit aujourd'hui de la compétence qui la conforte dans son action. Nos devoirs imposent à l'Etat d'être fort et d'exercer pleinement son pouvoir dans le respect des lois de la République, de manière à rassurer sur ses capacités à protéger la vie, les biens et la dignité des citoyens», a-t-il ajouté. Cependant, des esprits malintentionnés n'écartent pas l'hypothèse selon laquelle ces deux incidents seraient «une action concertée qui n'a d'autre but que de cacher des dossiers relatifs à l'affaire Sonatrach!». Mais encore faut-il qu'il y ait des preuves tangibles pour croire une pareille hypothèse. La seule preuve qu'ils avancent est l'incendie à la cour d'Oran qui a ciblé un service bien précis: les archives. Or, dans sa conférence de presse, le PG a indiqué que seules 20 boîtes d'archives ont pris feu, contenant chacune un à trois dossiers, ce qui donne un total de 50 à 60 dossiers civils. Selon la même source, ces dossiers concernent des affaires qui remontent à de longues années et n'ont aucune incidence sur les affaires actuelles. Cependant, la salle consacrée aux dossiers pénaux n'a pas été affectée. Jamais de tels actes n'ont été signalés auparavant. Ces incidents interviennent dans un contexte particulier marqué par les scandales de corruption et les enquêtes menées sur l'affaire Sonatrach II. Les exemples se multiplient ces derniers temps. Le siège de l'inspection générale des services des douanes, situé aux Pins maritimes, à Alger, a fait l'objet d'une descente nocturne durant la nuit du 24 au 25 juillet 2012. Les malfaiteurs avaient subtilisé des micros portables ainsi que des dossiers d'enquête jugés importants. Il s'agit, selon des rapports publiés par la presse, de dossiers liés aux enquêtes douanières, dont celle relative aux affaires d'évasion de devises et de détournements de recettes douanières. Ainsi, les dossiers du détournement de près de 700 millions de dinars de la Recette d'Oran, de l'incendie des dépôts des douanes d'Alger-Port, du vol au dépôt de Sidi Moussa et d'autres dossiers ont été dérobés avec une facilité qui n'a rien à envier à celle avec laquelle la cour d'Alger a été ciblée. Ces affaires démontrent que la lutte contre la corruption n'est pas une mince affaire.