L'opération prouve que l'Allemagne avait menti sur le dossier des touristes enlevés dans le Sud algérien. Les troupes de l'ANP ont effectué, samedi, un des plus importants coups de filet jamais réalisé depuis le début du terrorisme en Algérie. Agissant sur la base d'informations précises fournies par un dispositif performant de surveillance mis en place aux frontières avec le Mali, depuis la terrible affaire des touristes européens enlevés dans le Sud algérien, les troupes d'élite de l'ANP ont intercepté quatre véhicules tout-terrain de type Toyota au moment où ils tentaient d'entrer en territoire algérien quelque part au sud d'In Salah. Des sources proches de l'état-major de l'ANP précisent que plusieurs terroristes, affiliés au GSPC et agissant sous la férule de Abderrezak El-Para, ont été éliminés alors que l'opération se poursuivait dans ces vastes et accidentés territoires en vue d'éliminer les quelques fuyards et leur couper toute possibilité de retraite en direction du Mali. Ces sources ne précisent pas si l'auteur du rapt des touristes, le redoutable El-Para, se trouvait au sein du groupe. Le communiqué rendu public par l'ANP, en revanche, parle d'un très important lot d'armements de guerre récupéré. Il s'agit de 17 armes lourdes de type mortier, fusils mitrailleurs et lance-roquettes, 220 fusils de guerre dont190 kalachnikovs, plusieurs pistolets automatiques, quelques fusils à lunette de précision pour perpétrer les attentats ciblés et, enfin, du matériel de liaison, dont 11 téléphones cellulaires de type Thuraya. Des grenades défensives et offensives ainsi qu'un lot impressionnant de munitions ont également été récupérés. Ce véritable arsenal de guerre a été acquis auprès de trafiquants d'armes dans des pays limitrophes subsahariens, y compris la Libye et le Mali. La révélation de taille a trait au fait que ces achats importants, qui auraient relancé le terrorisme moribond en Algérie, n'ont été rendus possibles que grâce à la rançon qu'a payée Berlin aux ravisseurs. Le communiqué, qui évoque cette rançon, ne cite pas le pays même si tout le monde sait que c'est l'Allemagne qui a mené de bout en bout les tractations avec El-Para. Après le succès de la première opération menée par les troupes d'élite de l'ANP, le 13 mai passé, et qui avait permis la libération de 17 touristes et l'élimination de l'ensemble de leurs ravisseurs, les 15 autres avaient été transférés au Mali. Une Allemande avait trouvé la mort chemin faisant. C'est à Bamako, avec l'intervention d'un chef rebelle Tergui, que Berlin a décidé secrètement de payer une rançon estimée à l'époque à quatre millions d'euros. Ce n'est qu'après payement de cette somme, le 18 août passé, ce que Berlin a toujours refusé d'admettre, que les 14 touristes restants, 9 Allemands, 4 Suisses et un Néerlandais, ont fini par être libérés. Or, si la trace des terroristes semblait avoir été perdue depuis, il semble qu'il en ait été tout autrement pour les services de sécurité algériens. Ces derniers, qui avaient multiplié les contacts avec l'armée malienne, ont mis en place un important dispositif de surveillance aux frontières avec ce pays. Des avions de chasse ont régulièrement survolé cette région. Il semble que l'ANP ait su depuis le début que les terroristes avaient touché beaucoup d'argent, qu'ils comptaient s'en servir pour acheter des armements et rentrer au pays en vue d'alimenter les maquis algériens, littéralement décimés et privés de moyens depuis de nombreux mois. Les services secrets algériens, entrés en action à Kidal où étaient détenus les touristes et à Bamako, semblent avoir joué un rôle déterminant dans la poursuite des ravisseurs, et la mise à bas de ce plan d'acheminement d'armements vers les maquis algériens. Berlin, qui n'a fait que penser à la sécurité de ses ressortissants, et qui a tout fait pour que l'ANP ne mène pas une seconde opération de libération avec le même succès, a donc financé indirectement le terrorisme criminel en Algérie. De pareils comportements mettent l'Allemagne dans une position intenable face à une communauté mondiale résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme. L'Algérie, qui vient d'échapper au pire une nouvelle fois, tient de nouveau la confirmation que son combat contre le terrorisme islamiste, qu'elle a toujours mené seule, semble ainsi loin d'être terminé.