Les hommes d'El-Para, qui se dirigeaient vers le Soudan, constituent la preuve que ce groupe dispose de bases arrière et de moyens loin d'être négligeables. L'armée tchadienne a intercepté ce lundi des terroristes appartenant sans nul conteste au Gspc, du côté de Data, dans la région du Tibesti, à l'extrême-nord de ce pays. Les troupes tchadiennes ont immédiatement engagé le combat avec ce groupe. C'est ce qu'a indiqué hier une source proche de l'armée tchadienne, recoupée par des indiscrétions récoltées auprès de N'djamena et d'Alger. A en croire les mêmes sources, d'intenses combats se poursuivaient hier jusqu'à une heure avancée de la soirée entre les militaires tchadiens et le groupe. Ce dernier, composé de plusieurs dizaines d'hommes, serait fortement armé. Il disposerait même d'armement semi-lourd, tels que les lance-roquettes, les fusils mitrail-leurs , les grenades offensives et même des obus de mortier. Le groupe, croient savoir les troupes qui l'ont intercepté, serait entré au Tchad à partir du nord du Niger, de l'endroit même où avaient trouvé refuge les hommes de Abderrezak Al-Para, une fois dénouée l'affaire des touristes enlevés et la rançon de 5 millions d'Euros empochée. Des sources, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, soulignent que le groupe devait se rendre au Soudan où il détiendrait des bases logistiques extrêmement bien équipées. Ce pays, en proie à l'instabilité et à la violence islamiste, où Ben Laden en personne avait trouvé refuge pendant un certain temps, dispose de bases d'entraînement que les Américains n'ont pas détruites une fois que le chef d'Al-Qaïda en avait été délogé. Rien n'explique, autrement, comment ce groupe a pu être repéré dans ce lieu, ni où il se rendait, puisqu'il n'allait forcément pas en Algérie, le chemin étant tout simplement inverse. Les membres du groupe armé circulaient à bord de six véhicules pick-up tout-terrain équipés de fusils mitrailleurs sur leurs toits et ont pénétré de 80 km à l'intérieur du territoire tchadien, dans la région du Tibesti, confins désertiques du nord tchadien. Un des 4x4 au moins, immatriculé en Algérie et récupéré par les forces tchadiennes, était équipé d'une mitrailleuse lourde 14,5 mm. Quatre membres du groupe ont été tués, et l'un d'entre eux, de nationalité algérienne, a été fait prisonnier, ajoutent les mêmes sources. Les cinq autres véhicules et leurs occupants encerclés, se sont retranchés dans une grotte et résistaient toujours hier jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse. Des agents des services algériens se seraient rendus sur les lieux hier, tôt dans la matinée, afin de faire bénéficier les troupes tchadiennes de leur expérience en matière de lutte antiterroriste, notamment en ce qui concerne la traque au Gspc et la manière de venir à bout de ses membres. Nous apprenons, en outre, que ce serait les services secrets américains, grâce à leur surveillance satellitaire de toute cette zone, désormais sous haute tension, qui auraient alerté N'djamena, permettant la localisation de ce groupe. Data se trouve à une centaine de km de Wour, sous-préfecture située à 1000 km au nord de N'Djamena et à une trentaine de km de la frontière avec le nord du Niger. Selon d'autres sources militaires, ce groupe tentait de rejoindre des membres de la rébellion tchadienne du Mouvement pour la justice et la démocratie au Tchad (Mdjt), dont le Tibesti est le fief. Au début du mois de février, les troupes de l'ANP avaient effectué un des plus importants coups de filet jamais réalisé depuis le début du terrorisme en Algérie. Agissant sur la base d'informations précises fournies par un dispositif performant de surveillance mis en place aux frontières avec le Mali, les troupes d'élite de l'ANP avaient intercepté quatre véhicules tout-terrain de type Toyota au moment où ils tentaient d'en-trer en territoire algérien, quelque part au sud d'In Salah. Plusieurs terroristes, affiliés au Gspc et agissant sous la férule de Abderrezak El-Para, avaient été éliminés. Un très important lot d'armements de guerre avait été récupéré à cette occasion. Il s'agit de 17 armes lourdes de type mortier, fusils-mitrailleurs et lance-roquettes, 220 fusils de guerre dont190 kalachnikovs, plusieurs pistolets automatiques, quelques fusils à lunette de précision pour perpétrer les attentats ciblés et, enfin, du matériel de liaison, dont 11 téléphones cellulaires de type Thuraya. Des grenades défensives et offensives ainsi qu'un lot impressionnant de munitions avaient également été trouvés. Le général à la retraite, Khaled Nezzar, qui avait réagi à cette affaire, avait souligné que cet arsenal ne représentait rien par rapport à ce que les terroristes ont pu acheter avec l'argent de la rançon. L'opération d'hier lui donne amplement raison et remet sur le tapis le débat sur l'importance accrue que prend le Gspc dans toute la région sahélienne de l'Afrique. La stratégie d'Al-Qaïda, à laquelle le Gspc est affilié, avait consisté à se déployer en force dans cette région sujette aux tensions et aux manipulations politiciennes. Un envoyé spécial de Ben Laden, d'origine yéménite, avait même été éliminé en Algérie l'année passée, quelques mois avant que n'éclate l'affaire des touristes enlevés dans le Sud algérien.