Aucune évolution qualificative ne peut être relevée, ce qui plonge notre économie dans une incertitude quotidienne. Créditée par les experts de la Coface de la «note B» en ce début d'année 2004, lors de son traditionnel colloque «Risque pays», l'Algérie est logée à la même enseigne qu'en 2003. cette position équivaut à la cinquième place sur l'échelle de valeurs qui en compte sept. Ainsi, cette position n'a guère changé, contrairement aux projections contenues dans les déclarations de responsables économiques et les comptes rendus périodiques parus dans les colonnes de la presse spécialisée. Cette note B, reflétant le baromètre de l'environnement économique, désigne une certaine «vulnérabilité». Les experts de la Coface font état dans leur analyse que la conjoncture n'est nullement favorable à l'Algérie et risque d'affecter des comportements de paiement souvent «médiocres». C'est la quatrième année que l'Algérie est classée à ce niveau, dans un échantillon qui regroupe l'ensemble des pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Elle est devancée par l'ensemble des pays pétroliers du Golfe, de la Tunisie, du Maroc qui sont logés au degré de l'échelle A4. Notre pays se trouve à la même place que l'Egypte et la Turquie. Il devance la Libye, l'Iran et le Yémen. Pour les spécialistes, cette position de l'Algérie procède d'un regard objectif qui répond à des critères précis. L'appréciation portée à un pays reste très indépendante des missions du Medef, des séjours de ministres ou de visites diplomatiques. Toutes les études réalisées sont basées sur les chiffres. «Nous sommes influencés par les chiffres et rien que par eux», indiqua M.François David, président de la Coface. S'agissant du classement inchangé, M.David dira que «ce qui est préoccupant un peu pour l'Algérie, c'est que la bonne situation économique générale du pays aujourd'hui reste très liée aux hydrocarbures et au fait que le baril ait un cours historiquement élevé». Cette situation traduit la lenteur du processus de réformes à la mise en oeuvre desquelles les pouvoirs publics s'attellent. Cette lenteur touche quelques secteurs clés, tels les domaines de l'agriculture et les banques. Mais malgré un baril aussi élevé, il existe un retard énorme à combler. C'est, en principe, «en période de croissance qu'on peut faire des réformes beaucoup plus facilement qu'en période de difficulté», relève le président de la Coface. Ainsi, notre pays semble avancer à reculons. Entre 1996 et 2000, les analystes de la Coface lui avaient attribué la Note (avant dernière place). Dans son appréciation du risque, les experts estiment que l'évolution de l'activité économique «devrait être plus modérée», durant l'année en cours. Cela s'explique par les prévisions d'un ralentissement du secteur des hydrocarbures. Cette tendance, indiquent les experts, «ne devrait pas pour autant poser un problème pesant sur la situation financière extérieure». A plus long terme, estiment les analystes de la Coface, «l'économie nationale reste vulnérable aux chocs externes, au premier rang desquels les soubresauts du marché pétrolier». L'autre motif de fragilisation recensé par la Caisse française de l'assurance crédit «est l'inefficacité des entreprises publiques et la faiblesse du secteur bancaire, dont la réforme, sans cesse promise, ne donne pas encore les résultats escomptés». En définitive, engagé au début des années 90, retardé au gré des changements politiques, «le chantier algérien» avance à un rythme peu rapide. Les réformes en profondeur, bien qu'annoncées par les gouvernements successifs, tardent à trouver un terrain d'application et ce, à cause des tensions sociales et politiques. A cette lenteur qui nous fait beaucoup de mal, il faut ajouter «la précarité» de la situation sécuritaire qui décourage les investisseurs. Partout, «il est difficile de réformer mais la conjoncture nous oblige de passer par là, malgré la douleur ressentie».