La ville américaine de Boston a vécu lundi une journée d'horreur et de panique marquée par deux explosions à l'arrivée du traditionnel marathon de la capitale du Massachusetts Près de 12 ans après le 11 septembre, le président Obama s'est gardé de prononcer le mot attentat, mais un haut responsable à la Maison-Blanche a évoqué, sous couvert de l'anonymat, une «action terroriste». L'attentat à la bombe, qui a fait au moins trois morts et une centaine de blessés lundi et provoqué la panique parmi des dizaines de milliers de spectateurs à l'arrivée du marathon de Boston (nord-est des Etats-Unis) n'avait toujours pas été revendiqué hier. Alors que, près de 12 ans après le 11 septembre, le pays sous le choc après l'explosion de deux bombes se demandait s'il venait d'être la cible d'une nouvelle attaque terroriste, le président américain Barack Obama s'est gardé de prononcer le mot attentat, mais un haut responsable à la Maison Blanche a évoqué, sous couvert de l'anonymat, une «action terroriste». S'adressant solennellement à la télévision aux Américains sonnés par les images de panique diffusées en boucle, de colonnes de fumée et de spectateurs ensanglantés et hurlant à la fin du plus ancien marathon des Etats-Unis, le président Obama a promis que les auteurs de l'attentat devraient «rendre des comptes». «Nous ne savons pas encore qui a fait ça, ni pourquoi, et nous ne pouvons pas faire de conclusions hâtives», a-t-il déclaré. «Mais nous trouverons ceux qui sont responsables, pourquoi ils ont fait cela» et ils «sentiront tout le poids de la justice». Un haut responsable à la Maison- Blanche, parlant sous couvert de l'anonymat, a évoqué d'emblée un «acte terroriste». «N'importe quel événement avec plusieurs engins explosifs - comme il semble que ce soit le cas - est clairement un acte terroriste», a-t-il déclaré. «Mais nous ne savons pas qui l'a commis, et une enquête exhaustive devra déterminer si cela a été préparé et commis par un groupe terroriste, étranger ou pas». Unanimement condamné dans le monde, l'attentat n'avait toujours pas été revendiqué hier. Les taliban pakistanais, liés à l'attaque ratée à la voiture piégée de Times Square à New York en mai 2010, ont nié hier toute implication. Selon des médias américains, la police interrogeait un jeune Saoudien présent sur le lieu des explosions, mais les autorités soulignaient qu'elles interrogeaient de nombreux témoins et que personne n'avait à ce stade été arrêté. Plusieurs villes, dont New York, Washington et San Francisco, ont renforcé leurs mesures de sécurité. «Nous renforçons la sécurité devant les hôtels et autres lieux connus dans la ville» a notamment déclaré le porte-parole de la police de New York, Paul Browne. Plus de 27.000 coureurs participaient au marathon de Boston (42 km), l'un des plus prestigieux au monde, lundi, jour férié dans l'Etat du Massachusetts. Les deux bombes ont explosé à 13 secondes d'intervalle et à 50 à 100 mètres de la ligne d'arrivée de la course où s'étaient massées des dizaines de milliers de spectateurs. Le chef de la police de Boston, Ed Davis, a annoncé que trois personnes avaient été tuées. Mais le bilan pourrait s'alourdir. Le gouverneur du Massachusetts, Deval Patrick, a évoqué «plus de 100 blessés dont certains dans un état grave», tandis que le quotidien Boston Globe parlait de 140 blessés et indiquait qu'un garçon de huit ans figurait parmi les trois morts. Des roulements à bille placés dans les bombes ont provoqué des blessures particulièrement atroces, ont indiqué la police et des médecins. La première explosion a eu lieu vers 14h40 (18h40 GMT) sur le bord de l'avenue empruntée par les coureurs au milieu d'une marée de drapeaux multicolores, soulevant une énorme nuage de poussière grise. Les gens se sont mis à hurler, certains cherchant à fuir en grimpant sur les barrières. Des images de télévision ont montré un coureur s'écroulant. «J'ai dû être touché par le souffle. Mes jambes étaient comme du coton», a expliqué ce marathonien de 78 ans, Bill Iffrig, avant de se relever et de raconter son histoire à de nombreux médias. Les télévisions ont montré des images de sang sur les trottoirs jonchés de débris, des véhicules de secours et des brancards. Le chef de la police a appelé la population à rester chez elle, tout comme le gouverneur du Massachusetts qui a également demandé aux Bostoniens de transmettre à la police toute information susceptible de faire avancer l'enquête, désormais dirigée par le FBI. L'attentat a été unanimement condamné à travers le monde. Le président russe Vladimir Poutine a proposé hier l'aide de la Russie dans l'enquête sur ce «crime barbare» tandis que le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, condamnait ces «actes épouvantables». A Paris, le président François Hollande a exprimé sa «vive émotion» et la «totale solidarité de la France aux autorités et au peuple américains» tandis qu'à Rome le chef du gouvernement italien Mario Monti faisait part de ses «sentiments de fraternelle solidarité». Le marathon de Boston est organisé dans la capitale du Massachusetts depuis 1897 et a traditionnellement lieu le troisième lundi d'avril.