Le cinglant échec du dernier sommet prévu à Alger est imputé sans équivoque, encore une fois, au Maroc. Le président de la République, M.Bouteflika a exhorté son homologue américain, M.Bush, avec des termes à peine voilés, à s'impliquer davantage dans le problème du Sahara occidental. L'exhortation, pour le moins implicite, a été faite lors d'un message qu'il lui a envoyé hier. Fort de son engagement pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et l'édification du grand Maghreb, M.Bouteflika a insisté, auprès du président (américain) yankee, à ce que les USA prennent acte des embûches qui entravent ce processus, en dépit de la légalité internationale. Ces embûches, selon le vocable du président algérien, sont à l'actif du Maroc, qui a foulé aux pieds les recommandations de James Baker, l'émissaire onusien. «Nous considérons que la question du Sahara occidental, qui par sa nature est un problème de décolonisation, est prise en charge par le conseil de sécurité des Nations unies, auquel M.Baker vient de proposer un plan de règlement», a-t-il souligné, non sans renchérir: «Vous vous rappellez qu'à notre première rencontre à Washington, vous m'avez demandé d'appuyer les efforts de M.Baker et de lui faciliter la tâche». Un langage qui s'apparente à un rappel à l'ordre. Ceci dit, l'Algérie souhaite que les USA imposent le respect du plan Baker, d'autant plus qu'ils l'ont prescrit, dans un passé récent, comme une solution incontournable à un conflit qui bloque tant de prometteuses ambitions régionales. Comme pour imputer l'entière responsabilité de statu quo au royaume chérifien, M.Bouteflika n'a pas omis d'indiquer l'esprit de compréhension dont ont fait montre l'Algérie et le Front Polisario. «l'Algérie a reçu avec satisfaction sa dernière proposition (celle de Baker), qui a reçu également l'approbation du Polisario. Mais la partie marocaine reste enfermée dans une attitude intransigeante, qui rend difficile tout progrès vers une solution», a t-il soutenu. Autre chapitre directement lié au conflit susmentionné, celui de l'UMA en l'occurrence, a figuré parmi les préoccupations du premier magistrat du pays. Le cinglant échec du dernier sommet prévu à Alger est imputé sans équivoque, encore une fois, au Maroc. «Il ne fait pas de doute que l'un des obstacles majeurs à cette édification réside dans la tension qui existe malheureusement dans nos relations avec le Maroc qui fait de la question du Sahara occidental un préalable incontournable», fait remarquer Bouteflika. L'évocation de ce volet n'est pas fortuite car l'espace maghrébin intéresse aussi les USA qui ont intérêt à voir cette région se stabiliser à en tenir aux multiples créneaux potentiels dont ils disposent. D'ailleurs, Bush, lui-même, a vivement souhaité, il y a peu de temps, une prompte remise sur les rails de cet édifice régional. Ce qui dénote, inéluctablement, l'oeil permanent des Américains sur les évolutions, ou régressions, se succédant dans cette enceinte vitale. Les explications que fournirait Bush aux interpellations de Bouteflika seraient édifiantes à plus d'un titre. A partir de là apparaîtraient les véritables intentions des Américains s'ils cherchent à éluder ou à élucider un dossier brûlant lourd de conséquences préjudiciables. La seconde probabilité renvoie obligatoirement la diplomatie américaine à donner une suite positive à des engagements solennellement pris. Sous un autre angle, le président de la République a informé son vis-à-vis «des progrès réalisés» par l'Algérie «sur le plan politique ainsi que sur le plan économique» dans le sens voulu par les USA, tout en se félicitant, au passage, «de la qualité des relations qui se sont établies entre nos deux pays». Autre point sur lequel le président s'est longuement étalé, il relève de la prochaine présidentielle aussi bien en Algérie qu'aux USA. Après s'être targué des bonnes conditions dans lesquelles se sont déroulées les précédentes communales et législatives, il a pris le soin d'anticiper «l'honnêteté et la transparence» du prochain scrutin. Il s'est dit même prêt à faire appel «à des observateurs internationaux pouvant attester sa validité». G. W.Bush qui ne trouverait, certainement, pas beaucoup de gêne à «louer» les «efforts» de Bouteflika sur le plan interne, ferait-il de même concernant le conflit sahraoui au détriment du Maroc?