Il s'explique sur un dossier «scabreux» Wahid Bouabdellah demeure le premier responsable de la réalisation du siège d'Air Algérie, en sa qualité de P-DG. Il a négocié et signé les contrats avec ses principaux partenaires, à savoir le bureau d'études libanais Khatib et Allami, d'une part, et la SMI, la société canadienne chargée de sa construction, d'autre part. Aujourd'hui, il s'explique sur ce dossier que d'aucuns n'hésitent pas, d'ores et déjà, à qualifier de «scabreux». L'Expression: Dans quelles conditions Air Algérie a-t-elle porté son choix sur le bureau d'études libanais, en l'occurrence Khatib et Allami? Wahid Bouabdellah: Il y a eu sûrement, un avis d'appel d'offres, mais c'était avant mon arrivée à Air Algérie. Vous devez poser cette question au directeur des affaires juridiques, en l'occurrence M.Belhouchet pour vous renseigner sur le contenu et le déroulement des opérations. Quand je suis arrivé j'ai trouvé l'étude faite, je n'avais qu'à l'exécuter. Pourquoi le projet a été retiré aux Egyptiens, puis attribué aux Canadiens et non pas aux Chinois par exemple? D'abord, il y a eu un premier avis d'appel d'offres dont les plis ont été rendus infructueux. Là aussi, il faut le demander au directeur du projet de l'époque, qui est actuellement licencié et dont je ne retiens pas le nom. Il n'a jamais été donné aux Egyptiens. Je me demande d'ailleurs pourquoi vous me dites ça! Il y a eu un avis d'appel d'offres international qui a vu plusieurs entreprises soumissionner. Parmi celles-ci, il y avait OHL, l'espagnole et SMI, la canadienne. Il faut savoir qu'OHL était deux fois plus chère que SMI. De plus, les deux avaient répondu à tout ce qui a été exigé dans notre cahier des charges, qui est un cahier des charges professionnel. Et à mon avis, tout a été respecté: la procédure, le déroulement et toutes les étapes exigées par le Code des marchés de l'entreprise. Le choix du réalisateur a été soumis au conseil d'administration qui a approuvé, et ensuite au ministre des Transports et au Premier ministre. Donc, c'est après tous ces accords, que j'ai signé le contrat avec SMI. Les Chinois ont soumissionné la première fois et les plis ont été déclarés infructueux, je ne peux même pas vous dire pourquoi parce que la commission était autonome et indépendante. Donc, il faut voir les membres de la commission. Si quelque chose a été fait en dehors des règles aussi bien du Code des marchés de l'entreprise qu'autre chose, ils doivent répondre. J'exige même qu'on porte plainte. J'ai vu que depuis l'arrivée de l'actuelle équipe dirigeante, tout ce qui a été fait par Bouabdellah n'est pas bon! Et moi, je vous le dis: tout ce qui a été fait par Bouabdellah est très bon pour la compagnie Air Algérie. Nous avons investi, acheté des avions, deux simulateurs de vol, nous avons recruté, nous avons remis à jour toutes les procédures de la phase de maintenance. En partant, j'ai laissé un endettement meilleur et une trésorerie très acceptable, avec des avions qui n'étaient pas interdits de vol dans l'espace européen. Pourquoi avez-vous signé avec SMI dont le permis de construire était caduc? L'un n'empêche pas l'autre. Le permis de construire était délivré et avait une durée de vie. Si on ne change pas de structure ou on n'effectue pas de grands changements par rapport aux plans initiaux... je pense qu'il faut poser la question au directeur de projet. Déjà, je vous informe que vous m'annoncez une première nouvelle. Ce qui est drôle, c'est que s'il était caduc, on ne nous aurait jamais laissé commencer les travaux. Or, pour moi, le permis de construire était accepté. Je n'ai pas vérifié de moi-même. C'est vrai, il fallait le compléter par le côté technique. En signant le contrat, c'était par rapport à des plans qui étaient approuvés. Donc, si le permis de construire devait être mis à jour, il fallait le faire. Des informations confirmées attestent que la structure de cette maquette était destinée à un hôtel dans les pays du Golfe et non pas pour servir de siège à Air Algérie... C'est possible! D'abord, ce n'est pas moi qui ai opté pour cette maquette ni pour ce projet. Les choses ont été faites avant mon arrivée. De l'argent était dépensé. Le conseil d'administration a été au courant, et cela a été retenu. La maquette a été faite, acceptée par tout le monde, adoptée par tout le monde, pourquoi revenir sur ce point? Dans tous les cas, moi je n'ai pas vu la maquette, mais je n'étais pas contre! Air France a un club et des restaurants 5 étoiles! Vous y allez, les gens payent et tout! Le personnel navigant et le personnel au sol, il faut qu'ils soient bien traités. Pour moi, ils doivent avoir un très bon service (dixit Bouabdellah). Vous étiez signataire d'un contrat... vous vous attendiez a voir naître ce futur siège. Mais, depuis, le projet a convulsé si on peut dire... Ce n'est pas le projet qui a convulsé, c'est la bêtise humaine qui a fait capoter ce projet. On cherche trop à rattacher ce projet à mon nom! Ce n'est pas vrai! D'abord, ce n'est pas moi qui l'ai lancé, c'est le défunt Benouis que Dieu ait son âme au Paradis. Moi, je n'ai fait qu'exécuter le programme! Il y avait de l'argent qui a été engagé pour l'architecture, il fallait avancer... SMI est connu sur la place algérienne. Ils ont travaillé et ont des références. S'il y a des problèmes, je dirais que ce sont des problèmes d'humeur, des problèmes de non-paiement et de non-respect du contrat. Quand j'ai vu la mise en demeure d'Air Algérie, ça m'a fait de la peine et quand j'ai vu la réponse de SMI, j'ai compris que Air Algérie s'est précipité à faire une mise en demeure. On ne fait pas de mise en demeure à ce stade! Je vous dis tout de suite que s'ils vont à l'arbitrage international, Air Algérie y laissera des plumes, parce que l'équipe qui suit ce projet n'est pas du tout professionnelle! Est-ce qu'on peut dire que le blocage que connaît actuellement ce projet est le résultat d'une guéguerre entre vous et l'actuel P-DG d'Air Algérie? Oui. Il n'y a rien d'autre. Lui même l'a dit à tout le monde et même aux journalistes. Moi, j'en ai marre qu'il passe son temps à dénigrer Bouabdellah!