Hier, dès 9 heures, les premiers délégués commençaient à affluer aux alentours du palais du gouvernement. La rencontre entre Ouyahia et les 24, prévue pour hier à 10 heures, a été différée de deux jours en raison de la visite officielle du président chinois. Hier, dès 9 heures, les premiers délégués commençaient à affluer aux alentours du palais du gouvernement. Après le conclave de Tizi Rached et la fête de l'Aïd, l'heure est aux retrouvailles et aux débats. A l'heure fixe, le porte-parole des 24, accompagné de cinq délégués se dirigent vers le palais du gouvernement. Dix minutes plus tard, ils reviennent à leurs camarades pour leur déclarer le report de la séance. Si la majorité des délégués étaient convaincus par l'argument officiel du chef du gouvernement, certains, plus intransigeants, n'arrivent pas à admettre de rebrousser chemin alors que la date de ce rendez-vous avait été fixée quatre jours auparavant. L'interwilayas qui a rejeté catégoriquement l'idée du référendum pour officialiser tamazight a mandaté les 24 pour une mission bien précise. Ils devront, donc, transmettre au représentant de l'Etat la position des archs sur la proposition d'Ouyahia. Même si la réaction du mouvement est connue a priori, l'importance de la question exige un face-à-face officiel. C'est aussi un signe de bon augure quant à la volonté des archs de poursuivre les discussions. D'ailleurs, le chef du gouvernement a félicité la décision de l'interwilayas de renouer les contacts en vue d'aplanir ce désaccord. Mais, cet optimisme apparent cache mal la situation délicate où se trouve Ouyahia. Le point 8 de la plate-forme d'El-Kseur stipulant l'officialisation de tamazight sans référendum ni condition est antinomique avec la proposition d'Ouyahia. D'après les délégués rencontrés hier, le seul moyen de satisfaire cette revendication reste le décret présidentiel. Et ce n'est pas tout, un membre des 24 souligne qu'il faut réaliser cet objectif avant la présidentielle. Selon ce délégué, il n'y a aucune lecture électoraliste à faire car les revendications du mouvement vont au-delà de toute échéance électorale. Un autre délégué remarque que la voie référendaire est susceptible «de créer un conflit ethnique dans le pays». S'il y a un nombre, aussi minime soit-il, qui ne vote pas pour l'officialisation de tamazight. Un risque peut se dresser contre cette officialisation. «Or, nous n'avons aucun problème avec les autres régions de l'Algérie», explique le délégué. Curieusement, presque le même argument est avancé par Ouyahia pour justifier la voie référendaire. En effet, il a déclaré, il y a quelques jours, que l'officialisation de tamazight est du ressort du peuple algérien souverain. Une véritable dialectique entre raison citoyenne et raison d'Etat. Le président de la République qui se trouve actuellement à Alger va-t-il intervenir en personne pour démêler cet écheveau? Le mouvement citoyen a déjà prévu le scénario après l'échec du dialogue. Ainsi, les actions de rue ne sont pas à exclure dans la région en cas de fiasco. D'après un délégué, «tout dépend de la capacité des délégués à mobiliser les citoyens». Pour ce faire, notre interlocuteur relève l'importance d'avoir des informations fiables. Tout en reconnaissant que les archs ont aujourd'hui plusieurs adversaires, les délégués refusent de parler d'une quelconque léthargie au sein de la base. Pour eux, «tout le monde attend une solution par la voie du dialogue mais s'il y a un blocage personne, ne pourra prédire la situation dans la région». Ce qui est certain, c'est qu'un éventuel échec du dialogue aura inévitablement des «répliques» sur le scrutin d'avril prochain.