Jusqu'à hier soir, aucun accord sur l'officialisation de tamazight n'a été conclu. C'est vers 14h 30 que les deux parties ont convenu de suspendre la séance pour permettre aux délégués d'assister à l'enterrement du parent de Khoudir Benouaret, délégué de Béjaïa. Les travaux vont reprendre aujourd'hui à partir de 18h. La délégation investie d'un mandat bien précis pour signifier au représentant de l'Etat le rejet de la voie référendaire, s'est retrouvée contrainte de prolonger les travaux sur 13 heures d'intenses débats. Il ne suffit pas, dans pareilles circonstances, de dire non, mais de l'expliquer voire, d'argumenter. Selon les délégués, les discussions ont porté exclusivement sur la position du mouvement citoyen sur l'officialisation de tamazight. Ce qui est certain pour le moment, c'est que les deux parties n'ont pas encore trouvé une modalité consensuelle pour satisfaire cette revendication. Face à un Ouyahia qui ne veut pas lâcher du lest, les délégués doivent peser de tout leur poids pour faire prévaloir leur position. Le mouvement citoyen qui revendique l'officialisation de tamazight sans référendum, ni condition semble hostile à la proposition d'Ouyahia dans le fond et dans la forme. Dans cette optique, Abrika dira: «Aucun pays au monde n'a soumis sa langue au vote.» Plus judicieux encore est le deuxième argument avancé par le porte-parole en déclarant «nous sommes contre la division du peuple algérien». Dans ce contexte, il est opportun de rappeler la position des archs lorsque Ferhat a lancé son projet de l'autonomie en 2001. A cette époque, le mouvement avait crié haut et fort que l'Algérie est indivisible. Les points contenus dans la plate-forme d'El-Kseur sont qualifiés par l'ensemble des acteurs politiques de revendications nationales. D'après Abrika, «le mouvement ne demande qu'un minimum de démocratie et l'Etat a tous les moyens pour satisfaire nos doléances». Le porte-parole refuse de parler d'une quelconque négociation, car l'objectif du mouvement reste la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable. En tout cas, les débats autour de l'officialisation de tamazight sont arrivés à un tournant décisif. La rencontre d'aujourd'hui doit capitaliser les discussions entamées depuis avant-hier. C'est l'ultime phase qui va consacrer ou tamazight langue officielle ou le divorce définitif entre la Kabylie et le pouvoir. Il est vraiment difficile, après le dégel de la glace et des mois de débats, de retourner à la case départ.