Les Algériennes et les Algériens continuent à retenir leur souffle sur cette question identitaire. La question de l'officialisation de tamazight fait toujours l'objet de débats publics. Les Algériennes et les Algériens continuent à retenir leur souffle sur cette question identitaire qui a toujours fait l'objet de revendications depuis la nuit des temps. L'avancée qu'elle a connue depuis l'avènement du Printemps noir, c'est-à-dire son introduction dans la Constitution en tant que langue nationale, ne semble pas satisfaire une partie de l'opinion qui continue à exiger son introduction en tant que langue officielle. Ce qui fait, d'ailleurs, toujours l'objet de discussions serrées entre la délégation des archs et le chef du gouvernement. Au-delà de l'aspect politique de cette revendication, il y a lieu de s'interroger sur la faisabilité d'une officialisation lorsqu'on connaît l'état embryonnaire dans lequel se trouve cette langue vieille de plusieurs siècles notamment sur le plan de la graphie. A ce propos, seuls les véritables spécialistes, ceux qui sont quotidiennement en rapport avec la langue, notamment les enseignants, peuvent apporter des réponses plus adéquates. Globalement, ces derniers pensent que «le temps ne presse pas» en soutenant qu'«il convient de s'occuper avant tout de sa promotion». Les spécialistes de la langue amazighe restent convaincus que cette promotion ne peut être possible que par «la mise en place de moyens matériels et humains pouvant faciliter une telle tâche» que d'aucuns jugent «délicate» dans une époque qui «tend beaucoup plus vers l'universalité». Pour les professionnels de tamazight «l'expérience de son introduction dans l'enseignement devrait servir d'exemple pour adopter une démarche raisonnable et responsable dans l'optique d'une officialisation». En abordant la question, beaucoup vous diront que «la langue amazighe gagnerait mieux en s'imposant d'elle-même que quand elle est imposée». En ce sens, ces mêmes spécialistes avertissent quant au risque de voir se reproduire «le scénario de l'arabisation». En d'autres termes «si tamzight est imposée, à l'image de ce qui a été fait pour la langue arabe, son développement ne peut-être que compromis». Si tamazight est reconnue comme langue nationale du fait qu'elle soit utilisée par de nombreux citoyens de l'Algérie, il n'en est pas de même pour son caractère officiel qui nécessite une promotion graduelle. «Il faut que cette langue soit un fait réel de la société», qui ne saurait être sans le lancement d'une chaîne de télévision, de pages quotidiennes rédigées en tamazight dans la presse écrite, l'élargissement du champ de réception de toutes les stations radiophoniques au niveau national, la création d'une académie berbère en mesure d'unifier les caractères, le lexique et les règles grammaticales, la généralisation de son enseignement et l'encouragement de la recherche, bref tous les mécanismes allant dans le sens d'une mise à disposition d'un outil de travail dans tous les domaines. Ce n'est qu'à ce moment précis que cette langue pourrait être officialisée. Une telle décision ne saurait par conséquent souffrir d'aucun rejet et pourrait échapper au sort qu'a subi la langue arabe.