Les notables étaient présents à l'aéroport, mais aucune motion de soutien n'a été formulée. Un fait étonnant. Depuis la programmation des visites à l'échelle des wilayas, on assistait à des scènes d'allégeance des notables, des personnalités marquantes, des représentants des anciens moudjahidine, etc., pour «supplier» M.Bouteflika de briguer un deuxième mandat présidentiel. La wilaya de Ghardaïa que le président visite pour la troisième fois a failli à la règle. En effet, les notables étaient présents à l'aéroport, mais aucune motion de soutien n'a été formulée dans ce sens. Si la visite du président et les projets inaugurés constituent un gain pour les populations locales, il n'en demeure pas moins que le point de presse tenu par le ministre de l'Intérieur éclaire à plus d'un titre les différentes phases de l'élection présidentielle à venir. Concernant la collecte de signatures, M.Zerhouni a levé toutes les équivoques. L'actuel président de la République est soumis au même régime électoral que n'importe quel candidat. «La loi électorale s'applique à tous les candidats», dira-t-il tout en précisant que «le ministère de l'Intérieur refuse l'excès de certains candidats et tout ce qui se dit actuellement, ne fait que préparer un éventuel retrait. Malgré ces critiques trop négatives et superflues, le gouvernement et le président de la République veulent un maximum de garanties pour une élection des plus démocratiques». Abordant les visites répétitives du président à l'échelle nationale - rappelant que la wilaya de Constantine a reçu M.Bouteflika huit fois - le ministre de l'Intérieur évoque les accueils chaleureux et surtout insistants «pour un deuxième mandat». Cet appui massif justifie «en tout cas un deuxième mandat. Mais, s'il y aura échec, le premier à en pâtir sera M.Abdelaziz Bouteflika», dira M.Zerhouni. «L'urne est seule juge d'un scrutin» martèle M.Zerhouni au regard de tout l'arsenal de garanties mis en place. Ces garanties sont exceptionnelles et démontrent «l'intérêt porté à la prochaine élection» indique le ministre de l'Intérieur. Cet arsenal touche à tous les volets : déroulement, dépouillement, signatures, recours à la justice et à la cour constitutionnelle...«Je n'ai pas peur de l'urne», annonça M.Zerhouni, «car aujourd'hui, il faut inverser le problème et la question du doute quant au bon déroulement du scrutin.» Ainsi, la question du départ du gouvernement Ouyahia a été soulevée. Dans ce cadre, M.Zerhouni répondra par une autre question qui s'adresse au groupe des onze. «Pourquoi le départ du gouvernement Ouyahia?» Là, il citera beaucoup d'exemples à travers le monde. «Quelle garantie peut-on accorder à un nouveau gouvernement par rapport à celui d'aujourd'hui?» «Aucune.» Toujours dans le cadre d'une prochaine candidature de l'actuel président de la République, le ministre de l'Intérieur «joua» sur l'intuition. «En tant que ministre de l'Intérieur, je suis de très près la température de la société. Actuellement, M.Bouteflika est le mieux placé pour briguer un second mandat. L'actuel président peut annoncer à tout moment son intention et rien ne l'oblige à arrêter son droit de regard sur le programme qu'il avait tracé. On ne peut être candidat et fuir les affaires de la nation.» Il est évident, cependant, que l'annonce de la prochaine candidature de M.Bouteflika pour un second mandat se précise. Aux dires des membres du gouvernement qui étaient de la délégation officielle, «elle surviendra en cette fin de semaine». Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur la tenue du meeting des onze, prévu pour le 10 février en cours. M.Zerhouni précisa que «la demande n'émane que du parti RCD, à qui une réponse positive a été donnée pour la salle Ibn Khaldoun, car la salle Atlas est en plein réaménagement». Concernant la couverture par la chaîne de télévision nationale du meeting de la femme algérienne, organisé par le FLN de Benflis, le ministre de l'Intérieur dira que «Benflis n'est pas secrétaire général du FLN et qu'il n'a pas le droit de parler au nom du FLN». Tout en ajoutant sur un ton ironique que «Benflis est élu pour un mandat indéterminé!» Finalement, tout porte à croire que la machine pour un second mandat de Bouteflika est en marche. La conférence de Zerhouni montre à plus d'un titre toutes les intentions. Là, le ministre de l'Intérieur «semble être garanti» d'un second mandat pour Bouteflika.