Pour le coordinateur du Cnddc, l'absence d'une volonté d'amorcer un véritable dialogue social avec des partenaires crédibles et légitimes est l'un des points noirs du pouvoir. Un revirement et des interrogations. Le Comité national de défense des droits des chômeurs (Cnddc) passe de revendications strictement socio-économiques, à des revendications à caractère politique. Cette organisation revendique désormais le changement pacifique du système politique. Un revirement qui, quoique attendu par les observateurs, en a surpris plus d'un. Que s'est-il donc passé pour que, du jour au lendemain, une demande d'absorption de chômage se transforme en une demande de changement du système politique? Lors d'une conférence de presse tenue, il y a quelques jours à Alger, le coordinateur du Comité, Tahar Belabès, a indiqué: «Nous voulons un changement de système en Algérie, parce que nous avons, aujourd'hui la conviction que la corruption est partout.» Il ajoute que «le gouvernement refuse de dialoguer avec nous, par peur que ses failles soient dévoilées». Tahar Belabès a annoncé, par la même occasion, une première action dans cette nouvelle optique dans une wilaya de l'est du pays. Les observateurs qui sont surpris par ce changement de «cap» se demandent, à juste titre, s'il y a manipulation des revendications des chômeurs dans un contexte politique très «fragilisé». La revendication de la Cnddc est-elle nouvelle? En réalité, le changement pacifique du système politique a été une revendication de plusieurs partis politiques dont certains sont actuellement au gouvernement. L'organisation des chômeurs ne fait donc que relayer cette exigence. Hier, au siège du FFS qui a organisé un débat autour de la question syndicale à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, Tahar Belabès est revenu à la charge. «Face à une corruption caractérisée, il est temps de changer les choses, de changer un système qui fait de la mal-gouvernance une politique», a-t-il déclaré, lors de son allocution. L'orateur a ajouté que «l'absence d'une volonté d'amorcer un véritable dialogue social avec des partenaires crédibles et légitimes est l'un des points noirs de ce pouvoir qui se cache derrière des alibis juridiques pour étouffer les voix libres et autonomes». Pour parvenir au changement du système, M.Belabès estime qu'il est temps de sensibiliser, aussi bien le peuple, que les élites. «Une véritable coordination des chômeurs, des jeunes et des étudiants permettra, à coup sûr, de mettre fin à cette féodalité moderne», a-t-il soutenu. Tahar Belabès a profité de cette tribune pour répondre à ceux qui prêtent des intentions sécessionnistes au mouvement qu'il coordonne. «Nous ne sommes ni extrémistes ni autonomistes», a-t-il lancé, soulignant que «notre objectif est d'être agréés comme un syndicat des chômeurs, nous comptons sur toutes les voix libres pour nous aider à faire avancer notre cause».