Le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) ne compte pas baisser les bras, malgré «les multiples intimidations exercées à l'encontre de ses militants». Bien au contraire, il affiche, et pour la première fois, des revendications politiques, notamment «le changement pacifique du système en Algérie». Dans une conférence de presse organisée hier au siège de l'association RAJ à Alger, Tahar Belabbès, coordinateur du CNDDC, a été bien explicite. Les revendications de l'organisation des chômeurs ne se limitent pas à un travail stable, mais elles s'étendent au niveau politique et économique. «Nous voulons un changement de système en Algérie, parce que nous avons, aujourd'hui, la conviction que la corruption est partout», a-t-il martelé, avant d'ajouter : «Le gouvernement refuse de dialoguer avec nous, par peur que ses failles soient dévoilées.» Il dit, par ailleurs, refuser de dialoguer avec la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), qui n'est nullement concernée par le dossier du chômage. Il refuse par la même occasion la proposition faite par la même direction qui vient d'annoncer le recrutement de 6180 jeunes dans les wilayas du Sud. Selon lui, cette proposition n'a qu'un seul objectif, à savoir «la répression du CNDDC». M. Belabbès se dit fatigué des promesses sans lendemain et cette offre «n'apportera pas une réponse aux revendications des chômeurs». Les chômeurs exigent des solutions concrètes et durables. Et pour exiger une prise en charge efficiente de ses revendications, le comité annonce l'organisation d'une grande manifestation dans l'est du pays, incessamment. La date et le lieu ne sont pas rendus publics pour des «raisons sécuritaires». «Ce sera une grande surprise», affirme-t-il. Tahar Belabbès indique que des mesures administratives sont engagées à chaque annonce d'un sit-in. D'ailleurs, la manifestation de Djelfa a été carrément annulée, en raison des mesures contraignantes imposées par l'administration pour casser le mouvement de protestation. Une réunion a eu lieu hier entre les membres du comité, pour mettre en place toutes les mesures nécessaires pour réussir cette énième manifestation qui ébranlera l'est du pays. Le mouvement a marqué dernièrement une pause pour mieux se restructurer. Le CNDDC entend poursuivre ses actions de protestation à travers tout le territoire national, jusqu'à la prise en charge efficiente de leurs doléances, notamment l'ouverture officielle d'un dialogue avec les autorités. Le CNDDC dénonce la politique adoptée dans le Sud, visant à marginaliser cette région. Tahar Belabbès va plus loin dans ses idées, en accusant «l'Etat de marchander avec les entreprises internationales pour rejeter la main-d'œuvre locale». «Les entreprises internationales établies dans le Sud ont les capacités d'absorber le taux de chômage. Mais l'Etat refuse de prendre la main-d'œuvre de la région qu'il accuse d'extrémisme.»