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Pourquoi notre système est-il malade?
LA SANTE EN ALGERIE
Publié dans L'Expression le 08 - 05 - 2013

Le pauvre meurt dans nos structures hospitalières et ceux qui en ont les moyens sont obligés d'aller se faire soigner ailleurs
Le secteur de la santé est toujours à la traine et ce n'est pas faute de compétences.
La maladie de Bouteflika présente plusieurs aspects. Le premier, celui humain, nous oblige à souhaiter à l'homme un prompt rétablissement. Pour lui d'abord, pour les siens et pour son pays, ensuite. Le second aspect, celui politique, a mis en effervescence, depuis quelques jours, non seulement la presse nationale, mais aussi notre scène politique. Analyses, supputations, prévisions, spéculations... tout y est passé, cela continue toujours et cela risque de se prolonger encore pour quelque temps.
Mais cette maladie a d'autres aspects dont il convient de parler aussi et parmi lesquels celui de l'incapacité, toujours frappante, de notre système de santé à sérieusement prendre en charge la santé des Algériens que nous sommes. C'est triste, avouons-le, de se voir obligé d'aller se faire soigner ailleurs à chaque fois que l'on a des problème de santé. C'est douloureux, convenons-en, que, après cinquante ans d'indépendance, nous continuons toujours à faire appel à autrui pour soigner nos malades. Combien sont-ils les Algériens à être obligés, par année, de frapper aux portes des hôpitaux étrangers pour espérer guérir? Et, d'abord, qui peut donc dire quoi que ce soit à ce «Val-de-Grâce pour tous» que revendique cette pancarte si significative brandie, il y a deux jours, à l'hôpital Mustapha-Pacha?
Qu'ont donc fait les ministres
Nous avons eu, depuis l'indépendance, 22 ministres de la Santé dont 18 depuis l'époque de Chadli Bendjedid. S'en est-il trouvé seulement un, un seul, qui ait pensé mettre en place une stratégie pour le secteur? A la décharge de ces ministres, disons tout de même qu'ils ne «durent» généralement pas et que certains n'y sont pas restés plus de quatre mois comme Nefissa Laliam (juin 1991 - octobre 1991), ce qui empêche, on le concède, tout travail sérieux. Par ailleurs, il ne fait pas de doute que beaucoup de ces ministres n'étaient pas du secteur comme, par exemple feu Abderrezak Bouhara (mars 1979 - janvier 1984), Amar Tou (mai 2005 - juin 2008) pour ne citer que ceux-là, et ne pouvaient donc ni élaborer ni même superviser une stratégie pour notre système de santé dont ils avaient la charge.
Néanmoins, il faut aussi reconnaître que d'autres ministres étaient, en ce qui les concerne, bien du secteur, à l'instar d'un Abdelhamid Aberkane (mai 2001 - avril 2004), d'un Mourad Redjimi (avril 2004 - mai 2005), d'un Saïd Barkat (juin 2008- mai 2010), d'un Djamel Ould Abbès (mai 2010 - Septembre 2012) et, surtout, d'un Yahia Guidoum qui fut ministre de la Santé durant près de six longues années (avril 1994 - décembre 1999) et qui avait donc, apparemment, eu tout le temps et toute la latitude nécessaires pour faire faire un bond qualitatif à son secteur.
Malheureusement, le secteur de la santé est toujours à la traine et ce n'est pas faute de compétences. Nos médecins sont bien connus pour leur excellent savoir, pour leurs grandes compétences et pour leur sens élevé de la responsabilité et du devoir. D'ailleurs, ils sont très nombreux à faire les beaux jours des hôpitaux d'ailleurs, chose à laquelle ils sont contraints, pour la plupart, par les conditions du travail qui sont les leurs et que leur impose une tutelle peu soucieuse, à vrai dire, d'améliorer le secteur.
La question de savoir pourquoi nous continuons toujours à nous faire soigner ailleurs a été largement discutée ces derniers jours par les citoyens qui n'arrivent toujours pas à comprendre à quoi auraient servi les différents ministres qui se sont succédé à la tête du secteur de la santé. Les autres secteurs ne sont pas mieux lotis, bien entendu. On continue toujours d'importer notre pain, notre huile, notre sucre, nos vêtements, nos voitures,... mais c'est la santé qui est le sujet de débat depuis que notre président a été évacué vers l'hôpital parisien du Val-de-Grâce.
Interrogés par une chaîne de télévision, d'aucuns ont tenté d'apporter une réponse à cela en utilisant cette langue de bois qui ne passe plus.
Ils ont d'abord insisté sur les réalisations du secteur «mais, affirment-ils, pour ce qui est des moyens perfectionnés, il nous reste du chemin à faire». C'est justement cette manière de parler, propre aux abonnés malhonnêtes du régime, qui a participé à la destruction de tous les secteurs en Algérie. Nul n'a jamais renié les réalisations, mais il y a lieu quand même de reconnaître que ces réalisations sont trop peu suffisantes pour les moyens d'un pays comme le nôtre et, ensuite, pourquoi devrons-nous encore attendre? Et attendre quoi d'abord? N'est-ce pas outrageusement déplacé que de demander au peuple d'attendre après cinquante ans? Que peut-on attendre après cinquante années d'attente? Ceux qui n'ont rien pu faire durant une période aussi longue, ne feront sans doute jamais rien. L'Etat algérien a formé des médecins dans toutes les spécialités et il y a de quoi être fier de leur formation. Par ailleurs, l'Etat algérien est riche, très riche. Peut-être même un peu trop, pourrions-nous dire, au point où cela a tourné la tête à certains de nos responsables. Or, jusqu'à présent, nous continuons à diriger - ceux qui le peuvent de nos malades - vers les hôpitaux d'ailleurs. Et nous laissons crever ceux qui n'en ont pas les moyens.
La recette pour développer le secteur?
Une stratégie de développement du secteur de la santé n'est pourtant pas un voyage vers Mars ou une descente sur Jupiter. Des ministres d'ailleurs, c'est-à-dire de simples humains comme nos ministres, qui n'ont ni deux têtes ni trois bras, ont fait décoller leur secteur pour le mettre au niveau des meilleurs. Il n'y a pas de recette miracle à une telle entreprise. Et il n'y a pas de secret, non plus. Le tout réside dans le travail. Pour mettre en place une stratégie sérieuse qui puisse aider à développer notre système de santé, il suffit d'un peu d'argent, d'une pincée de réflexion, de deux doses de volonté, de quelques grammes de sérieux et, surtout de beaucoup de désir de bien faire les choses.
Ailleurs, cela ne poserait pas problème et cela n'en a pas posé. La preuve, c'est cette honte qui nous fait rougir lorsque nous comparons notre secteur de santé à ceux d'ailleurs. Mais chez nous, par contre, bien que l'argent coule à flots dans tous les secteurs, cela pose quand même des tas de problèmes.
Manquerions-nous, donc d'idées? Si c'est vraiment notre problème et étant donné que nous avons les moyens, qu'on ramène alors des gens capables de nous pondre des idées. De nous élaborer des stratégies que nous ne ferons alors qu'exécuter. Faisons comme d'autres pays, assumons notre bêtise et passons! Une question cependant: «A quoi auraient servi alors tous ces conseillers que les ministres, dès qu'ils s'installent sur le fauteuil, se mettent à nommer et à dégommer?»
Manquerions-nous de volonté? Il est difficile de croire à cela car, lorsqu'il s'agit de faire autre chose, comme un redressement dans un parti, par exemple, on va bien jusqu'au bout et, malgré l'âge et le regard des gens, on trouve toujours le plaisir, le désir, l'acharnement, le temps et la force nécessaires pour déboulonner Ouyahia, Belkhadem ou tout autre responsable de parti.
Manquerions-nous de sérieux? Non! Nous sommes parmi les peuples les plus sérieux au monde. Si, pour une partie de foot, une simple partie de foot, nous n'avons pas hésité à envoyer, au frais du peuple s'entend, des centaines et des centaines de supporters pour gagner le match, comment pourrions-nous ne pas être sérieux lorsqu'il s'agit de mettre en place une stratégie de développement de notre système de santé?
Et le désir de bien faire les choses alors? C'est ce qui reste et c'est ce qui nous manque. Nous dirions même que nous n'avons pas le simple désir de faire quoi que ce soit! La médiocrité et l'impunité qui règnent dans notre pays, depuis longtemps, ont dévasté tout sur leur passage. Au point où nous ne savons plus à quoi servirait un ministre chez nous. Franchement!
Les réformes? Quelles réformes?
Le plus beau, dans tout cela, c'est qu'on nous a promis des réformes dans le secteur de la santé, comme pour le reste des secteurs. Et, comme pour le reste, là non plus, cela n'a rien donné, bien sûr. Simple gaspillage d'argent et de temps de l'Algérien. Mensonge assassin des espoirs des générations passées et détérioration inutile des capacités des générations à venir.
D'ailleurs, et de l'avis même des hommes du secteur, les résultats de la réforme sont catastrophiques «n'est-il pas vraiment indécent, s'est élevé le professeur Abdelouahab Bengounia au Forum d'El Moudjahid, de parler, après plus de dix années de cette réforme hospitalière illusoire qui, après avoir consommé six ministres de la Santé et plus de 50 milliards de dollars, soit l'équivalent du budget de fonctionnement de plusieurs Etats africains réunis, laisse aujourd'hui le démuni mourir sans traitement et contraint le nanti et le privilégié à prendre l'avion au moindre mal pour se faire soigner en Europe et même en Tunisie et au Maroc?» (L'Expression du lundi 08 avril 2013). Comme quoi, les réformes chez nous, on se contente d'en parler. D'en prévoir les budgets, bien sûr, et puis on oublie!
En effet, le pauvre meurt réellement dans nos structures hospitalières et ceux qui en ont les moyens sont bien obligés d'aller voir ailleurs. Pourquoi avons-nous donc eu tous ces ministres? et pourquoi devrions-nous continuer à en avoir? Si c'est pour faire badigeonner, de temps en temps quelques murs lézardés, un simple factotum ou, à la limite un agent comptable, à la tête du secteur serait largement suffisant.
La responsabilité devant Dieu et devant le peuple
Lorsque Jacques Chirac tomba malade, il fut admis dans un hôpital français. Lorsque le Président algérien tombe malade, notre système sanitaire nous oblige à le transférer au même hôpital français, c'est-à-dire l'étranger. Pourquoi donc?
Est-ce trop demander que d'oser espérer trouver, comme dans tous les pays qui se respectent, des structures hospitalières satisfaisantes? Faut-il avoir eu son indépendance depuis dix mille ans pour pouvoir émettre de tels voeux? Sérieusement!
Ceux qui daignent encore justifier l'incapacité du secteur à avoir une stratégie réelle de développement par le niveau de développement du pays n'ont certainement pas beaucoup compris au problème.
La valse des ministres n'est pas la seule explication. Elle est, certes, la plus facile et aussi la plus commode des explications, mais il y en a d'autres qu'il faut chercher sérieusement. Ce n'est qu'alors, et seulement alors, que nous pourrions espérer comprendre pourquoi, cinquante ans après l'indépendance, notre système de santé est toujours... en très mauvaise santé!
Il faut dire que nos ministres n'ont rien fait. Qu'ils ne viennent pas nous raconter des histoires, car la réalité est là. Impitoyable comme cette froideur qui vous frappe dès que vous franchissez le seuil d'un hôpital et nauséabonde comme ces sentiments qui vous envahissent lorsqu'on vous parle de soins ici, c'est la réalité qui rejettera tous leurs arguments, qui leur renverra tous les justificatifs pour irrecevabilité et qui leur rappellera qu'ils auront à assumer leur responsabilité devant Dieu puisqu'ils ne l'ont pas assumée devant le peuple.


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