La ville de Benghazi, où une voiture a explosé devant un hôpital et où les attentats contre des commissariats de police se font répétitifs Un attentat à la voiture piégée près d'un hôpital à Benghazi (est de la Libye) a fait au moins 15 morts et 30 blessés selon un bilan provisoire. Un attentat meurtrier a frappé hier Benghazi, berceau de la révolte ayant renversé le régime de Mouamar El Gueddafi, dernier épisode sanglant en Libye en proie à une insécurité croissante sur fond de crise politique. Des bilans contradictoires ont été avancés par les autorités, le vice-ministre de l'Intérieur Abdallah Massoud évoquant «15 morts et au moins 30 blessés», tandis que le ministère de la Santé a fait plus tard état de quatre morts et de six blessés. De son côté, un responsable de la direction de police à Benghazi, Tarak al-Kharaz a affirmé à la chaîne Libya al-ahrar que 13 personnes étaient mortes et 41 blessées. Soulignant qu'il s'agissait d'un «bilan provisoire», M.Massoud a ajouté que «l'explosion (à la voiture piégée) a totalement détruit un restaurant et a gravement endommagé des immeubles à proximité», aux abords d'un hôpital de la deuxième ville du pays. Plus tôt un responsable des services de sécurité et des témoins avaient indiqué qu'une voiture piégée avait explosé près de l'hôpital al-Jala, faisant des «morts et des blessés», notamment des enfants. «On ignore jusqu'ici si l'attaque ciblait des civils ou une personne particulière qui était sur les lieux», a précisé un responsable de la sécurité de la ville. Le ministre de la Justice, Salah al-Marghani a dénoncé «un acte terroriste», affirmant que les autorités «feront tout leur possible pour arrêter ces criminels» et appelant les Libyens «à s'unir contre ces actes criminels». Cette attaque qui a eu lieu en plein jour est le première à se produire au beau milieu de civils et dans un quartier animé de la ville, les attaques se produisant d'habitude de nuit ou très tôt le matin, vraisemblablement pour éviter de faire des victimes parmi la population. La ville de Benghazi, bastion de la révolution libyenne, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attentats et attaques contre les services de sécurité et des intérêts de pays occidentaux. Ces attaques sont généralement attribuées aux islamistes radicaux, à l'instar de celle du 11 septembre contre le consulat des Etats-Unis, qui avait coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur Chris Stevens. Plusieurs attentats à l'explosif ont visé la semaine dernière des commissariats à Benghazi témoignant de l'insécurité croissante en Libye où les autorités, qui peinent à mettre sur pied des forces de sécurité efficaces, sont engagées dans un bras de fer avec des milices armées. Cet attentat intervient après la levée du siège des ministères des Affaires étrangères et de la Justice à Tripoli, imposé depuis plus de dix jours par des miliciens qui réclamaient au départ une loi bannissant de la vie politique les anciens responsables et collaborateurs du régime El Gueddafi. Les protestataires ont, après l'adoption par le Congrès général national (CGN) de la loi, réclamé le départ du Premier ministre Ali Zeidan ajoutant ainsi à la confusion dans le pays. Londres et Washington ont décidé d'évacuer une partie du personnel de leurs ambassades à Tripoli, où d'autres chancelleries occidentales ont réduit leurs effectifs en raison de risques sécuritaires aggravés par l'une des pires crises politiques dans le pays depuis la chute du colonel El Gueddafi. Les Etats-Unis ont même prépositionné des forces militaires pour intervenir en cas de menaces contre leur personnel diplomatique en Libye, quelques mois après l'attaque contre le consulat américain de Benghazi, a annoncé hier le porte-parole du Pentagone. «Nous sommes préparés à répondre si les conditions se détériorent ou si on nous le demande», a déclaré George Little. «Nous avons déplacé des effectifs et de l'équipement», a-t-il dit.