Les miliciens armés qui cernaient deux ministères depuis presque deux semaines en Libye ont quitté les lieux, au moment où des pays étrangers ont décidé de réduire leurs effectifs dans le pays en proie à une montée des violence et à l'insécurité. Ces hommes armés "ont remis les deux ministères à un comité formé par le gouvernement et le Congrès général national (CGN, parlement) puis ont quitté les lieux", a assuré dimanche le ministre de la Justice libyen Salah al-Marghani, mettant en garde que "les institutions de l'Etat ne doivent pas être touchées". Depuis deux semaines, plusieurs dizaines d'hommes accompagnés de pickups montés de canons anti-aériens encerclaient les sièges des deuxministère de la Justice et des Affaires étrangères. Les miliciens réclamaient la démission du Premier ministre Ali Zeidan et de plusieurs ministres du gouvernement. M. Zeidan avait annoncé un remaniement ministériel prochain. "Sans doute il y aura un remaniement ministériel dans les prochains jours", avait-t-il déclaré M. Zeidan, sans plus de précisions. La levée du siège des deux ministères indique selon les médias qu'un accord a été passé entre les autorités et ces groupes d'"anciens révolutionnaires". Selon Adel Garyani, un des dirigeants du "Conseil suprême des rebelles", une commission rassemblant les protestataires et des responsables du ministère va être créée pour s'assurer de la mise en oeuvre de la loi d'exclusion politique, adoptée il y'a une semaine. Cette commission devrait aussi empêcher les personnes tombant sous le coup de cette loi d'accéder au ministère. mais d'autres membres de ces groupes d'anciens révolutionnaires affirmaient le 11 mai qu'ils maintiendraient la pression tant que les personnes concernées par la loi ne seraient pas exclues. La loi doit entrer en vigueur au début du mois de juin. En raison du siège prolongé des deux ministères par des groupes armés et de l'insécurité croissante dans ce pays, plusieurs pays étrangers réduisent leurs effectifs en Libye. L'ambassade de Grande-Bretagne avait déjà réduit ses effectifs après l'attentat à la voiture piégée du 23 avril contre l'ambassade de France à Tripoli qui avait blessé deux gardes français. Les autorités américaines ont pris une mesure similaire mercredi, affirmant que la sécurité dans la capitale s'était détériorée à la suite du siège imposé à deux ministères par des groupes armés. Le département d'Etat a confirmé vendredi le "départ de Libye d'une poignée d'employés" tout en assurant que "l'ambassade est ouverte et fonctionne". De son côté, l'ambassade d'Allemagne a fermé ses portes et son personnel réduit a été placé dans un complexe sécurisé de la capitale libyenne. Bien qu'elle continue à fonctionner, l'ambassade de France a aussi réduit ses effectifs. Refusant le "diktat" des groupes armés, des centaines de Tripolitains s'étaient rassemblés, vendredi après-midi, dans le centre de la capitale libyenne, pour manifester leur soutien au gouvernement d'Ali Zeidan et dénoncer le siège imposé à des institutions de l'Etat. Les protestataires se sont dirigés par la suite vers le bâtiment du ministère des Affaires étrangères, qui était toujours assiégé par des miliciens, pour exprimer leur refus de l'usage des armes. A Benghazi, dans l'est de la Libye, quelques centaines de manifestants se sont aussi rassemblés dans le centre-ville pour appuyer le gouvernement et dénoncer la violence. Vendredi, deux attentats à l'explosif ont visé deux commissariats à Benghazi, témoignant l'insécurité croissante dans ce pays.