Plusieurs candidats se disputent la base électorale de l'ex-FIS. «Ali Benhadj n'a envoyé aucune lettre de soutien au président de la République et son déplacement au siège du FLN ne signifie en aucun cas un appui pour Ali Benflis». C'est ainsi que s'est exprimée, hier, une source proche du n°2 de l'ex-Front islamique du salut. Cette précision que ce proche compagnon de Benhadj a tenu à nous rapporter, fait suite à une information parue dans la presse, et selon laquelle celui-ci a écrit une lettre de soutien à Abdelaziz Bouteflika moyennant des mesures moins restrictives que celles dont il fait l'objet. «Benhadj se serait même déplacé au siège de Saïd Saadi si celui-ci avait été l'objet de mesures injustes», ajoute notre interlocuteur. L'ancien gourou de la jeunesse islamiste urbaine reste soumis à des restrictions draconiennes depuis sa sortie de prison, il y a sept mois. Vendredi dernier, de passage dans la ville de Larbaâ, où il a effectué la «prière de la djoumouaâ», un véritable cordon de sécurité entourait la ville et un important dispositif suivait ses déplacements. De son côté, Abdelkader Boukhamkham, leader de l'ex-FIS est étonné que l'on puisse parler de soutien à tel ou tel autre candidat de la prochaine élection présidentielle. «Nous ne sommes pas un comité de soutien, et encore moins des personnes qui marchandons avec les candidats. La position de principe du groupe est qu'il faut d'abord dégager des mesures qui aillent effectivement dans le sens d'une réconciliation nationale. Après quoi, nous pourrons discuter des solutions envisageables. Car, au stade où en sont les choses, les grilles de lecture politique ne permettent pas d'être optimistes». Le même propos tenu par Ali Djeddi, Kamel Guemazi et Abdelkader Omar, qui, dans des déclarations précédentes n'ont été «captés» par aucun candidat et préfèrent parler pour le moment, comme écrit dans le document dit «des six» (Djeddi, Guemazi, Boukhamkham, Omar, Kebir et D'hina), de la priorité de procéder à promulguer «des mesures qui déverrouilleraient le jeu démocratique et placeraient les acteurs politiques dans une perspective de sortie de crise». De son côté, Madani Mezrag, chef de l'ex-Armée islamique du salut, branche armée du FIS, pense qu'il est encore «tôt pour s'aligner sur une personnalité ou un parti politique, et encore moins de leur apporter un soutien car les choses telles qu'elles se présentent aujourd'hui, n'offrent que peu de choix politiques et bien moins encore d'issues». Soumis à des restrictions draconiennes, les anciens leaders du FIS semblent tourner le dos à des élections qui confirment leur exclusion de l'échiquier politique. Cependant, le crédit certain qu'ils semblent posséder encore vis-à-vis de la jeunesse islamiste urbaine les rend intéressants même aux yeux du Président de la République lui-même, qui multiplie les signaux forts en leur direction. La base islamiste radicale, c'est-à-dire celle qui ne souscrit pas à la démarche «soft» des partis islamistes légaux, tels le MSP, le MRN et Nahda, reste un ensemble assez influent dans les moments décisifs et on a eu à le vérifier lors des élections présidentielles d'avril 1999, lorsque Ahmed Taleb El Ibrahimi, auquel les leaders islamistes de l'ex-FIS apportèrent aide et appui, se classa malgré son retrait, deuxième avec plus d'un million de voix. Score qui laissa perplexes à l'époque, les responsables de la sécurité intérieure, qui appréhendent un retour en force des radicaux. Enjeux et jeux de stratégie, les équilibres politiques fragiles du moment ne peuvent, dans tous les cas de figure, se passer de l'important électorat islamiste ni des préférences de ses leaders.