Un mémorandum doit être adressé à l'ensemble des candidats que retiendra le conseil constitutionnel. Le secrétariat national de l'Ugta, réuni au siège de la Centrale, a officiellement fixé la date de la réunion de la Cen (Commission exécutive nationale) pour les 2 et 3 mars prochain. L'ordre du jour de cette importante rencontre, qui sera ouverte à la presse, achoppera uniquement sur la prochaine présidentielle. L'on croit savoir à ce propos, que l'option de la neutralité, pareille à celle qu'a choisie l'armée, a toutes les chances de triompher. Des sources proches de la Centrale expliquent que «même si des pressions sont exercées et si les gens proches de Bouteflika font tout pour amener les quatre millions de voix que représente l'Ugta à soutenir un second mandat du président, les choses sont loin d'être aussi simples qu'elles l'ont été en 1995 et 1999». Nos sources expliquent que «les données ont changé désormais, et il n'est plus question de choisir le candidat du consensus qui amène la paix et la stabilité». C'est, du reste, ce qui explique le fait que le sommet du pouvoir soit autant partagé autour de cette question. Les partisans d'autres personnalités de premier plan, tels que Benflis ou Hamrouche, «n'ont pas l'intention de s'en laisser conter cette fois-ci». Ainsi, «le risque est grand de voir l'Ugta subir un sort bien pire que celui du FLN en éclatant sous le fait d'un soutien irréfléchi et inexplicable à un candidat comme Bouteflika». La Centrale, qui est à une dangereuse croisée des chemins, a déjà bénéficié d'inespérés renforts de la part de personnalités qui pèsent énormément dans le monde syndical. Il s'agit de quatre anciens secrétaires généraux de l'Ugta. Bourouiba Boualem, Mouloud Oumeziane, Demène Debbih Abdallah et Tayeb Belakhdar. Ces derniers, dans un remarquable communiqué, avaient clairement indiqué que «l'Ugta (dont ils continuent de se réclamer fièrement) devra être préservée et protégée de toute manipulation. Il faut éviter à tout prix de lui faire prendre des positions qui risqueraient à terme de provoquer son éclatement». Le communiqué, qui prône la neutralité, rejette avec force toute velléité de soutien à la candidature de Bouteflika. Comme il est difficile à l'Ugta de contrer directement la fronde qui va crescendo de la part de gens qui ont déjà réussi à faire plier beaucoup d'associations, y compris celle qui encadre les enfants scouts musulmans, une stratégie est en train d'être mise au point, consistant à placer la barre assez haut dans un mémorandum qui sera transmis à l'ensemble des candidats que retiendra le conseil constitutionnel avant la fin de ce mois. Les candidats auront, donc, à s'exprimer publiquement sur chacune des revendications que formulera la Centrale et, le cas échéant, à prendre des engagements écrits en ce sens devant le peuple et devant l'histoire et non plus lors de conclaves secrets durant lesquels sont formulées de folles promesses en faveur des travailleurs, hélas sans lendemains. Dans le cas contraire, ce que souhaitent vivement la plupart des cadres de la Centrale, «une parfaite neutralité sera observée, sans la moindre consigne de vote, laissant les militants de l'Ugta, traversée par tous les courants politiques qui traversent la société, se prononcer librement sans la moindre contrainte». Pour ce qui est de la commémoration du 24 février, date de création de l'Ugta et de nationalisation des hydrocarbures, il a été décidé de la célébrer symboliquement à Skikda, au niveau du complexe sinistré. Toutefois, aucun meeting ne sera animé.