Le président zimbabwéen Robert Mugabe a promulgué hier la nouvelle Constitution du pays, ouvrant la voie à l'organisation d'élections devant mettre un terme à l'inconfortable cohabitation qui l'associe à son principal opposant, le Premier ministre Morgan Tsvangirai. Le texte d'inspiration libérale, qui a désormais force de loi, avait été massivement approuvé par les électeurs lors d'un référendum le 19 mars, avant d'être entériné par les deux chambres du Parlement début mai. «C'est un moment de joie, de grande joie, vraiment. (...) C'est un jour que le Seigneur a fait. C'est un jour que le Zimbabwe a fait. Soyons en fiers. Maintenant, nous voulons construire la nation. Nous allons essayer de (la) transformer pour des lendemains qui seront plus agréables, beaucoup plus réconfortants», a déclaré le président Mugabe, qui dirige le Zimbabwe depuis son indépendance il y a trente-trois ans. «En tant que Zimbabwéens, nous sommes fiers d'adopter une trajectoire fondée sur un nouveau système de gouvernance», a ajouté pour sa part Morgan Tsvangirai. La nouvelle loi fondamentale introduit plus de démocratie sur le papier dans ce pays d'Afrique australe, où les victoires de M.Mugabe aux élections présidentielles de 2002 et 2008 ont été aussi contestées que violentes. La Constitution réduit les pouvoirs du président mais n'empêche pas M.Mugabe d'être à nouveau candidat. Elle supprime parallèlement le poste du Premier ministre, qui faisait office de contre-pouvoir depuis 2009, mais renforce les pouvoirs du Parlement. Elle doit aussi protéger les Zimbabwéens contre toute forme de violence et de torture et garantir la liberté d'expression. Le texte, fruit d'un laborieux compromis, interdit implicitement le mariage homosexuel. «Nous sommes une nation morale. C'est pourquoi nous avons rejeté des choses telles que l'homosexualité», a relevé à ce propos le président Mugabe. Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai se sont serré la main sous les applaudissements d'une foule de notables réunie pour la cérémonie de signature dans les jardins du palais présidentiel. Un geste qui est aussi vu comme le coup d'envoi d'une troisième campagne présidentielle opposant les deux hommes, qui cohabitent tant bien que mal depuis 2009 au sein d'un gouvernement d'union nationale. Ce cabinet avait été formé sous la pression diplomatique, pour éviter une guerre civile après la sanglante campagne électorale de 2008. Le camp de M.Tsvangirai avait remporté les législatives, et M.Tsvangirai était ensuite arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. Mais face aux violences qui déchiraient le pays, il s'était retiré, laissant Robert Mugabe seul en lice au second tour. Des élections doivent cette année mettre fin à cette alliance contre nature M.Mugabe veut qu'elles aient lieu dès que possible - il a parlé du 29 juin -, mais M.Tsvangirai exige que soient au préalable adoptées plusieurs réformes essentielles, notamment en matière de liberté de la presse.