D'importants dégâts ont été enregistrés Une personne est morte et trois autres ont été blessées. De l'aveu même du directeur général de la Protection civile, c'est l'obstruction des avaloirs qui a plongé la capitale sous les eaux. Le ciel est tombé sur les têtes. Mardi, le centre du pays a subi des précipitations exceptionnelles. Une situation qui a prévalu à Alger. En effet, en l'espace de quelques heures, l'Algérie s'est retrouvée sous les eaux. Un décor chaotique a marqué la journée de mardi dernier, dans les rues de plusieurs villes du pays, particulièrement celles de la capitale. Routes barrées, inondations, dégâts matériels en tous genres, bâtisses effondrées, trémies inondées, citoyens forcés de passer la nuit sur les routes, et même des morts...C'est le bilan de cette journée d'averses enregistrées dans les wilayas du Centre, dont Alger qui a été littéralement...noyée. En l'espace de quelques heures, les routes et artères de la capitale et de sa banlieue se sont transformées en lagune de Venise. Aucun quartier n'a échappé à la «gadoue». Même la rocade Sud, du côté de Ben Aknoun, s'est retrouvé submergée par les eaux. Elle a été bloquée toute la nuit au niveau de Aïn Allah, créant un bouchon monstre qui a débordé sur les autres axes routiers environnants. Certains, automobilistes ont même passé une bonne partie de la nuit dans leur voiture, souhaitant que les eaux ne montent pas trop haut. Une nuit cauchemardesque qui a réveillé de vieux démons. Comme en 2001, des torrents de boue ont dévalé sur Bab El Oued charriant des pierres et autres détritus jusqu'à l'entrée des maisons. De même, du côté de Sidi M'hamed, la Grande-Poste, rue Didouche-Mourad et les autres quartiers de la capitale. Les eaux sont aussi montées sur les hauteurs d'Alger, notamment, El Biar, Beni Messous, Bouzaréah, Aïn Benïan, Chevalley... Même les quartiers «chics» d'Alger, A l'instar de Hydra, Ben Aknoun, Dely Ibrahim et Draria étaient noyés sous ces eaux. Hussein Dey et sa rue de Tripoli qui, depuis que le tramway a été installé, se transforment en piscine à ciel ouvert à chaque intempérie, n'y ont pas échappé. Les eaux ont même complètement recouvert les rails du tramway. La banlieue Est n'est pas en reste. Au Hamiz, l'oued a sorti de son lit causant de grands dommages aux bidonvilles avoisinants. Rouiba, Bab Ezzouar,...se sont également retrouvées sous les eaux. Même si cela n'a pas été aussi important que dans le centre et la banlieue Ouest. Ces intempéries ont également touché plusieurs habitations et édifices publics, provoquant des dégâts matériels et l'effondrement de certaines habitations. Tel qu'à l'hôpital de Béni Messous où l'effondrement d'un mur a tué une personne et blessé trois autres. La Protection civile a également fait état d'infiltration des eaux pluviales à l'intérieur de plusieurs habitations et édifices publics dans la wilaya de Blida et la fissuration des murs de trois habitations suite à l'effondrement du plafond d'une écurie dans la localité de Larbi Ben M'hidi, dans la wilaya de Aïn Témouchent. Dans la wilaya de Tipasa, la Protection civile a signalé des infiltrations des eaux pluviales à l'intérieur de trois habitations et d'un établissement scolaire (CEM). Les témoignages de l'enfer... Voilà donc le bilan cauchemardesque de cette terrible nuit du 21 mai 2013 qui a ravivé dans l'esprit des Algériens la catastrophe de Bab El Oued du 10 novembre 2001 qui avait fait 800 morts. La situation était revenue à la normale hier. Néanmoins, les réseaux sociaux ont permis de recueillir les témoignages des «rescapés» de cette nuit en enfer. «On revient de l'enfer, j'ai bien cru que j'allais y rester», témoigne Karim qui est resté bloqué sur des routes inondées jusqu'à 23h. «Je suis restée bloqué au niveau d'Alger-Centre jusqu'à tard dans la nuit. Heureusement que j'ai de la famille qui m'a accueillie pour passer la nuit chez elle», raconte, pour sa part, Selma une jeune étudiante qui n'a pu regagner le domicile familial à Béni Messous. Des vidéos ont aussi circulé pour montrer les conséquences dramatiques de ces intempéries. Tout le monde s'accorde à dire que le pire a été évité. Néanmoins, les pouvoirs publics sont montrés du doigt. Eux qui ne semblent pas avoir retenu les leçons du passé. «Pour la énième fois, l'incurie des pouvoirs publics s'illustre dans notre pays. En l'espace de quelques heures, des villes toutes entières ont été paralysées», résume parfaitement les choses Samia dans un message publié sur le groupe Facebook Envoyés Spéciaux Algériens. «A qui la faute?», s'interroge cette internaute. «Pendant que certains accusent le pouvoir, d'autres s'en remettent à la volonté de Dieu. Si les intempéries sont certes des phénomènes naturels, leur gestion relève de la puissance publique», assure-t-elle en exprimant son ras-le-bol quant à la négligence qui sévit dans le pays. Car il est vrai que ces intempéries ont encore mis à nu la négligence des pouvoirs publics. Négligence, négligence! De l'aveu même du directeur général de la Protection civile, Mustapha Habiri, c'est l'obstruction des avaloirs qui a plongé la capitale sous les eaux. «Plusieurs axes routiers ont été inondés, mardi à Alger, à cause notamment «de l'obstruction des avaloirs suite aux fortes chutes de pluie brusques qui s'y sont abattues», a-t-il indiqué dans une déclaration à l'APS. La pluie aura donc montré le mauvais entretien des avaloirs. Mais pas seulement. Les ordures et détritus qui ont été traînés par la pluie couvraient encore hier matin les rues et trottoirs de la capitale comme preuve de la négligence de ces autorités dans l'entretien des villes. La négligence a effectivement tendance à devenir une culture chez les responsables des collectivités locales, occupés à «collecter», reléguant le désengorgement des avaloirs au second plan de leurs préoccupations! Pourtant, les services météorologiques ont bien mis en garde en diffusant un bulletin météo spécial. Encore une fois, les autorités n'ont pas pris leurs précautions. Pris de court, elles ne débouchent ces avaloirs qu'après les dégâts, après que les routes soient inondées et la circulation bloquée. Préférant faire ressortir la «gestuelle» à laquelle les citoyens sont habitués, celle de voir les employés communaux presser le pas sous la pluie pour déboucher les collecteurs. Spécialistes et citoyens ne cessent de le répéter: «Ce travail aurait dû être fait bien avant l'arrivée des pluies!» Les mêmes dysfonctionnements sont mis au grand jour à chaque intempéries, mais les autorités continuent dans leur politique du bricolage. Et pourtant, ce ne sont pas les leçons de Dame nature qui manquent. Le nouveau gouvernement a pourtant mis en place un plan d'action pour le nettoyage du pays. Mais il semble bien que les responsables chargés de l'exécution de ce plan n'ont fait qu'un nettoyage de surface...Jusqu'à quand ce bricolage?