On n'a pas vu beaucoup de véhicules dans les rues de la capitale. Tunis a eu sa fête. Mais une fête particulière dans la mesure où la victoire des Aigles de Carthage lors de la finale de la Coupe d'Afrique des nations de football n'a pas connu les habituels cortèges de véhicules que l'on voit en ce genre de circonstance. Sitôt le coup de sifflet final donné par l'arbitre sénégalais de la finale, le stade du 7-Novembre de Radès s'est illuminé en rouge et blanc et a donné lieu à des scènes de liesse dans les gradins. Lors de la cérémonie de remise de médailles, effectuée par le président Zine El Abidine Ben Ali, qui avait à ses côtés MM.Joseph Blatter et Issa Hayatou, respectivement président de la FIFA et président de la CAF, chaque joueur tunisien a eu droit à son ovation. Cependant, celui qui a été le plus acclamé n'était pas un joueur mais l'entraîneur de la sélection tunisienne, le français Roger Lemerre, qui entre dans l'histoire pour avoir remporté deux titres continentaux avec deux sélections différentes, sa première consécration ayant eu lieu en 2000 lorsqu'il était à la tête de l'équipe de France. Le retour vers la ville de Tunis fut des plus pénibles, car tous les accès à la capitale, distante d'une quinzaine de kilomètres du stade olympique, étaient bouchés par d'extraordinaires embouteillages. Les chauffeurs des bus mis à la disposition de la presse (il y en avait, à peu près, une dizaine) durent emprunter des chemins détournés pour pouvoir gagner l'hôtel Abou Nawas El Mechtel, lieu de regroupement de tous les journalistes accrédités à l'évènement. A notre arrivée au centre-ville, nous nous attendions à trouver des rues engorgées par des flots de voitures. Rien de tout cela. De peur de dérapages, les services de sécurité ont préféré jouer la prudence. Le tramway et les bus publics ont, ainsi, cessé leur trafic très tôt. Le long de l'avenue de la Liberté et de celle de Paris, on constate peu ou pas de taxis. Par contre, des tas de gens à pied portant le drapeau tunisien scandaient le nom de leur pays. De temps à autre, il nous arrivait de croiser des véhicules bondés de supporters en joie. A notre arrivée sur la plus célèbre artère de la capitale , l'avenue Habib-Bourguiba, c'est le même spectacle, qui s'offre à nos yeux: rareté des véhicules mais une foule immense qui crie et chante à tue-tête. Aux principaux carrefours, ce sont des dizaines d'agents de l'ordre qui sont là prêts à intervenir au moindre pépin. Tous les cafés ont préféré baisser rideau et ranger leurs sièges, un fait exceptionnel pour un samedi soir, la veille d'un week-end. Non loin de l'hôtel Carlton, un attroupement nous attire. Par terre, nous découvrons des milliers de débris de verre. C'est la devanture d'un grand magasin qui venait de subir la colère de certains excités qui ont cru que football et violence pouvaient faire bon ménage. En tout cas, la police a vite fait d'évacuer les curieux. Un peu plus bas, la place du 7-Novembre est noire de monde. Des groupes de chanteurs se sont improvisés un peu partout et on n'en finit pas de danser et de chanter, hommes ou femmes, jeunes ou vieux. C'est à cet endroit que le centre de la capitale veillera le plus en l'honneur de footballeurs qui ont su ramener à leur pays un titre derrière lequel il courait depuis de nombreuses années.