«Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais» Paroles de curé J'ai appris des choses dernièrement dans la presse écrite, cette déesse dont les cents bouches ne parlent que de bien et ne donnent que de bonnes nouvelles aux citoyens les plus heureux du monde, je veux parler des Algériens qui sont quotidiennement écrasés par l'abondance des bienfaits que Dame nature a déversés sur eux, bienfaits de toutes sortes, puisqu'ils sont les plus beaux, les plus grands, les plus forts, les plus riches et qu'ils sont servis par un régime et des institutions que le monde entier les jalouse... Je m'égare tant je suis ému par la nouvelle lue entre deux articles de mauvais aloi, l'un parlant des ravages de la crise économique qui a frappé ce pauvre pays nordique appelé Danemark, qui a un jour enfanté un roi un peu fou qui se demandait tous les jours que Dieu fait «Etre ou ne pas être...», d'où l'expression «Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark...», l'autre article parlant des assiettes foncières que se partagent quelques spéculateurs ad hoc qui ont fait plus de mal à la Mitidja que le colonialisme en 132 ans et puis cet autre entrefilet qui mentionne que désormais d'autres spéculateurs ont pignon sur rue en exposant des véhicules neufs sur les trottoirs encombrés de la capitale et de ses environs, au mépris des lois et de l'éthique. Le font-ils avec la complicité de certains importateurs? Sûrement, puisque le pauvre quidam doit attendre une année pour mettre la main sur un quatre roues fabriqué en Asie. Mystère et boule de gomme arabique! Encore un créneau qui vient d'être investi par le fameux marché informel qui résiste plus que le terrorisme à la puissance de l'Etat. C'est dire que la corruption vient de faire encore un autre pas dans la mauvaise direction. Donc, je disais, je m'excuse, je tremble encore d'indignation en apprenant par le biais d'un talentueux billettiste que trois de nos hauts fonctionnaires se sont fait soigner à l'étranger. L'un en Belgique, l'autre en Espagne et le troisième en Suisse. Voilà de quoi dégoûter de la politique tout citoyen qui est en butte au dysfonctionnement congénital de notre système de santé, aggravé par une grève qui complique encore un plus la situation inextricable du consommateur écartelé entre le prix de la sardine et celui de l'oignon sec. Déjà, hier, au temps du socialisme spécifique, au beau milieu du tapage fait sur les bienfaits de la Révolution agraire et de la politique de rigueur, il avait un peu tiqué en apprenant qu'un de nos hauts fonctionnaires, de retour d'un voyage aux frais de la princesse au Japon, avait été contrôlé sur l'aéroport de Tel-Aviv par la PAF sioniste. L'affaire n'avait pas soulevé des vagues puisque la presse libre était encore dans les limbes. Plus tard, au temps du slogan «pour une vie meilleure», la rumeur avait semé sur les trottoirs encore libres de la ville que certains hauts fonctionnaires se faisaient tailler des costards chez Zmalto, juste avant de torpiller l'industrie textile par la fameuse opération de restructuration qui n'était que le prologue du mémorable dégraissage des entreprises publiques... On ne fut plus étonné d'apprendre que les supporters de l'école fondamentale envoyaient leur progéniture étudier à l'étranger. Ils sont revenus bardés de diplômes et spécialisés dans la surfacturation. On les appelle les Golden boys. Pour couronner le tout, une épidémie sournoise vient de s'abattre sur certains hommes politiques qui disaient porter l'Algérie dans leur coeur: la preuve est qu'ils se soignent à l'étranger. Le constat est amer: l'école, le système de santé, l'industrie, ne sont que de la poudre aux yeux des pauvres aveugles que nous sommes.