Pour parer au groupe «anti-fraude» trois formations politiques ont décidé de créer l'alliance présidentielle. Cet accord n'est autre que le fruit des négociations menées en ce sens depuis quelque temps par M.Amar Ghoul, ministre des Travaux publics avec des représentants du RND et des redresseurs. D'ailleurs il a été l'artisan de ce pacte pour avoir joué les intermédiaires entre les trois parties. Ceci explique largement les tergiversations affichées par le MSP à se positionner quant à la présidentielle. En effet, longtemps indécis, le MSP a, en fin de compte, décidé de soutenir le chef de l'Etat dans sa quête de briguer un second quinquennat. Cependant, certaines sources affirment que ce soutien est loin d'être fortuit. Bien, au contraire, un deal aurait été signé entre l'instance dirigeante du MSP et le président de la République. Dans ce contexte, le MSP a eu des garanties de voir sa représentation augmenter au sein du futur gouvernement en renvoyant à la hausse ses portefeuilles ministériels et même au niveau des institutions et des administrations locales en nommant ses cadres au poste de wali et de chef de daïra. De cette façon, le MSP pourrait conquérir d'autres espaces de pouvoir local et national, fidèle qu'il est à sa politique entriste dont il ne s'est jamais départi. C'est ainsi que, face aux critiques fusant de l'opposition, le MSP et le RND appuyés par les «redresseurs», ont décidé de prendre la défense du président de la République en créant une alliance présidentielle. Cette alliance a également pour but de soutenir le président de la République dans sa quête d'un second mandat. C'est dans ce sens que les formations en question ont prévu un sommet cet après-midi à l'hôtel El-Aurassi dans le but de signer un pacte commun consacrant leur alliance en vue de la prochaine échéance électorale. D'ailleurs une rencontre avec la presse est prévue après la signature de cette convention. Elle devra être animée conjointement par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et chef du gouvernement, Bouguerra Soltani président du MSP et Abdelaziz Belkhadem animateur des «redresseurs». Ce point de presse sera tenu au moment où le sort du groupe des dix sera en débat au quartier général de Rédha Malek. Sera exposée au cours de ce point de presse, la stratégie qui va être adoptée par les animateurs devant permettre au président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, de briguer un second mandat même si ce dernier n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature à la magistrature suprême. Une annonce qui devra se faire au plus tard dimanche prochain soit la veille de la clôture du délai légal relatif au dépôt des dossiers de candidatures par les prétendants à la mandature présidentielle 2004-2009 comme l'a rappelé le Conseil constitutionnel dans son dernier communiqué. Cette alliance se veut être un front pour contrecarrer la dynamique instaurée par le groupe des dix contre «les abus» dénoncés par l'ensemble de l'opposition. De fait, ce groupe des dix est aujourd'hui en pleine décomposition après le retrait de Mouloud Hamrouche et du MSP qui a décidé de soutenir Bouteflika. Dans ce contexte, et selon certaines informations, la déclaration devant sanctionner la réunion d'aujourd'hui constituera une sorte d'engagement public par les instances dirigeantes des trois parties à soutenir le candidat Bouteflika et mettre tout en oeuvre pour lui assurer un second mandat. D'ailleurs, certaines informations font, d'ores et déjà, état de l'exemption des jeunes nés avant 1982 du service national comme il a été procédé en 1999. Une manière de s'adjuger les voix de l'électorat jeune sans oublier le soutien des zaouias. Par ailleurs, cette initiative des trois parties en cause n'est pas sans nous rappeler l'attitude censitaire adoptée à l'occasion de la présidentielle de 1999 même si les initiateurs affirment qu'elle est quelque peu différente sur le fond mais pas dans la forme. Pour rappel, en 1999, quatre dirigeants de partis, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, Boualem Benhamouda, FLN, Lahbib Adami d'Ennahda et le défunt cheikh Nahnah, président du MSP avaient signé une charte politique commune en dix points pour apporter leur soutien au candidat du «consensus». Cependant, les initiateurs n'ont pas voulu admettre dans le groupe certaines petites formations politiques ayant fait, pourtant, allégeance au président de la République en raison de leur manque d'ancrage au sein de la société d'une part et pour ne pas partager les dividendes dans le cas où Bouteflika serait réélu d'autre part. En effet, l'annonce aujourd'hui de la naissance d'une alliance présidentielle s'apparente véritablement à une coalition gouvernementale de fait.