Dans tous les recoins d'Alger, le marché du livre fait florès. De l'esplanade de la Grande-Poste à la rue Victor Hugo, en passant par bien d'autres endroits, les bouquinistes occupent des espaces non négligeables. Entre professionnalisme et amateurisme, la règle diffère d'un bouquiniste à l'autre. De ceux qui proposent des bouquins consciencieusement choisis à ceux qui étalent du « papier à vendre », la différence est dans la connaissance du métier. Un métier qui requiert tant d'abnégation et de sacrifices tant le lucre n'est pas toujours au rendez-vous. Heureusement, comme chaque domaine a ses dévoués, le bouquin a trouvé ses défenseurs contre vents et marées. Avec des moyens rudimentaires, ils ont fait le serment d'éterniser une activité dont les grands bénéficiaires sont, incontestablement, les mordus de la lecture. Qu'il pleuve ou qu'il vente, les M'hammed, Merzak et autres ne dérogent jamais à la règle. En traînant leurs petits cabas remplis à ras bord de livres de tous genres, ils prennent fidèlement leurs places coutumières sans rechigner ni face aux aléas de la nature ni face aux exigences de leur clientèle. D'où se procurent-ils leurs marchandises? Sur quelles bases établissent-ils les prix? Arrivent-ils à satisfaire les acheteurs? Concurrencent-ils les titulaires? Ont-ils des rapports avec les autorités locales? C'est à ce chapelet d'interrogations et autres que nous nous sommes intéressés dans ce tour d'horizon qui tend à épousseter un noble métier engouffré dans l'anonymat.