Les citoyens affichent leur peu d'intérêt. Au moment où les candidats à la présidentielle s'apprêtent à engager sur le terrain leur campagne électorale, les citoyens affichent des signes de désintéressement. Le charivari médiatique fait autour du rendez-vous du 8 avril, contraste profondément avec l'indifférence de la rue. Au-delà de la tendance à décrédibiliser tout ce qui porte un «sceau politique», les élections représentent aux yeux de beaucoup d'Algériens, une simple formalité où l'électeur n'est qu'un élément du «décor». Cet état de fait est illustré par le peu d'enthousiasme dont font montre les supposés électeurs à se faire inscrire sur les listes électorales. Même le prolongement des délais d'inscription jusqu'au 24 février n'a pas provoqué l'effet escompté. Les fonctionnaires des APC, chargés de l'opération, coulent des journées sabbatiques. Du coup, le chiffre de 17 millions d'électeurs avancé par le ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni, sera certainement revu à la baisse. Les néophytes, viennent relancer la polémique sur ce phénomène. La commune de Bab El Oued en est un cas expressif. En effet, le bureau des listes électorales est quasiment boudé par la population. «Il y a des jours où on ne reçoit personne», a révélé M.Babou, P/APC de Bab El Oued à la Chaîne II. Comme il a affirmé que les 187 bureaux de vote des précédentes communales seront réduits à 93 bureaux seulement. Les témoignages que nous avons recueillis auprès des citoyens de cette commune convergent vers le même constat : tourner le dos aux discours politiques qui les ont fiat déchanta. Contrairement aux précédents scrutins où les masses juvéniles piaffaient d'impatience de mettre le bulletin dans l'urne, les donnes ont carrément changé. Les jeunes en âge de figurer sur le répertoire des nouveaux votants se refusent à s'approprier ce droit. Tout porte à croire que l'abstention dans cette ville connaîtra une courbe croissante. Le même désintérêt est à relever au niveau de Boumerdès. L'échéance présidentielle ne semble pas d'actualité. Ce comportement est tellement attendu que certains acteurs politiques le considèrent comme «normal». «On ne peut tout de même demander à un citoyen sous la tente, d'aller voter. C'est inconcevable», estimait Louiza Hanoune, présidente du PT, bien avant le commencement de la révision des listes électorales. Par conséquent, tous ceux qui sont intéressés par la bataille du 8 avril, risquent de prêcher dans le désert faute d'un lectorat attentif. De l'APC d'Alger à celle de Ain Benian en passant par tant d'autres, le désintéressement commun est pareil. A en tenir aux avis des uns et des autres, l'on constate le déficit de confiance entre les animateurs de la scène politique et la base citoyenne. Cette dernière après avoir déchanté à plusieurs reprises, a fini par se résigner devant le fait accompli. C'est-à-dire ne pas s'engager dans une bataille perdue d'avance comme ce fut le cas en 1997 où le RND a triomphé par une fraude flagrante. Aux quatre coins du pays, la frange juvénile qui représente environ 70% de la population met les préoccupations politiques au rebut. En se trouvant abandonnés à leur sort, les jeunes Algériens ne conçoivent pas le salut en l'élection d'un président. Tout comme leurs aînés. En somme, les Algériens sont peu enclins à prendre part à une opération dont ils se croient être les maillons faibles.