Malgré les assurances de l'Ugcaa qui annonce une abondance de fruits et légumes, à l'occasion du mois sacré, les commerçants se préparent, déjà, pour la grande bouffe. Les représentants de l'Union générale des commerçants et artisans algériens sont-ils allés vite en besogne, en annonçant qu'il n'y aura pas de pénurie de fruits et légumes durant le mois de Ramadhan et que rien ne justifierait, selon eux, une quelconque hausse comparable à celle à laquelle on nous avait habitués les premiers jours. Intervenant à l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège de l'Ugcaa, sis à Belouizdad, son porte parole, El Hadj Tahar Boulenouar a tenu, d'abord, à rassurer tout le monde, en indiquant que toutes les dispositions ont été prises afin que les Algériens passent un mois de ramadhan tranquille. Se voulant plus précis, il a confié que le marché des fruits et légumes sera approvisionné normalement durant ce mois sacré et qu'il ne nourrissait aucune appréhension particulière, même s'il admet, cependant, que les APC sont pour beaucoup dans le désordre qui y règne. Semblant très remonté contre ces dernières, le conférencier les accuse d'avoir failli dans leur mission de réguler les marchés. «Si le marché des fruits et légumes n'est pas bien régulé, c'est à cause de l'absence de contrôle et de l'inertie des élus qui préfèrent rester dans leurs bureaux cossus plutôt que d'effectuer des visites régulières sur le terrain pour s'informer sur les prix affichés et de l'ambiance qui y rège», a- t-il déclaré. Selon lui, «les deux ministères, celui de l'Intérieur et des Collectivités locales et celui du Commerce, sont interpellés à propos de la régulation des marchés, mission qui devrait être retirée aux APC et confiée à d'autres institutions.» Soulignant que le domaine agricole a effectué un bond qualitatif, particulièrement ces dernières années, et que la production en matière de fruits et légumes qui a atteint le seuil record de 90 millions de tonnes l'année dernière, M Boulenouar s'est dit étonné par le nombre élevé d'importateurs-exportateurs agricoles qui sont recensés et activent dans le secteur de l'agriculture. «L'Algérie est parvenue, au terme de prodigieux efforts, à accroître sa production et dépasser largement le seuil de l'autosuffisance. Pourquoi donc ces 3000 importateurs?» Pour Ahmed Melha, expert en agronomie, «c'est le manque de semence qui pose problème et gonfle la facture des importations.» Rappelant que plus de 400.000 hectares sont consacrés au secteur agricole qui a enregistré un bond en avant grâce à une production évaluée à 90 millions de tonnes, il a confié que les importations en semence ont atteint un seuil vraiment alarmant. «C'est bien d'enregistrer une production qui avoisine les 90 millions de tonnes par an, mais ce serait mieux si l'on réduisait nos importations en semence.», a- t'il affirmé. A l'en croire plus de 80% des semences sont importées chaque année par l'Algérie pour subvenir aux besoins de son agriculture. L'autre problème soulevé par l'orateur a trait, lui, au contrôle et analyses de laboratoire. S'interrogeant sur les missions dévolues au ministère du Commerce et aux Instituts de recherche et de contrôle qui lui sont rattachés, il a révélé que la plupart des producteurs passent outre. Les mesures de précaution d'usage qui consistent à faire analyser le fruit ou légume cultivé par un laboratoire spécialisé. Il ne faut pas s'étonner, dans ce cas, si des fellahs cupides irriguent leurs terres avec des eaux polluées impropres à la consommation. On signale dans certaines régions des cas d'intoxication dues à la mauvaise qualité de l'eau. Reconnaissant que des cas existent, l'expert insiste sur le contrôle et sur la multiplication des stations d'épuration ou de recyclage de l'eau pour remédier à ce problème et éviter toute forme de contamination à l'avenir. Le représentant des mandataires Mohamed Othmani a indiqué, pour sa part, qu'il n'y a pas de pénurie en matière de fruits et légumes, mais que le problème réside dans la cherté de certains produits à l'approche du Ramadhan, plus spécialement. Accusant les commerçants de ne pas jouer le jeu, en augmentant excessivement leur marge bénéficiaire des produits très prisés durant cette période, il a cité l'exemple de la pomme de terre vendu sur le marché de gros entre 14 et 18 dinars et que les citoyens achètent à 35 dinars sur le marché, soit pratiquement le double de son prix réel. Il reste que malgré l'optimisme affiché par l'Union générale des commerçants et artisans algériens qui nous promettent un ramadhan tranquille, les citoyens restent sceptiques et redoutent, comme les années précédentes, une flambée des prix à l'occasion de ce mois qu'on dit sacré.