Le ton est monté entre les deux pays ces dernières semaines, depuis que l'Ethiopie a commencé à dévier le cours du Nil Bleu sur environ 500 mètres en vue de la construction du barrage controversé. Addis-Abeba et Le Caire ont décidé de discuter de l'impact du projet de barrage éthiopien en amont du Nil, un projet qui a déclenché la fureur de l'Egypte, ont affirmé hier à Addis-Abeba les ministres des Affaires étrangères des deux pays. «Nous sommes tombés d'accord pour commencer immédiatement des consultations à la fois au niveau technique (...) et au niveau politique», a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne, Mohamed Kamel Amr, à la presse à l'issue d'une rencontre à Addis-Abeba avec son homologue éthiopien Tedros Adhanom. Le ton est monté entre les deux pays ces dernières semaines, depuis que l'Ethiopie a commencé à dévier le cours du Nil Bleu sur environ 500 mètres en vue de la construction du barrage controversé. Ce colossal ouvrage hydro-électrique, appelé Grande Renaissance», devrait avoir à terme une capacité de 6.000 mégawatts. Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc au niveau de la capitale soudanaise Khartoum pour former le Nil. Le fleuve traverse ensuite l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée. Le président égyptien Mohamed Morsi, inquiet des conséquences du barrage sur le débit en aval du fleuve, a récemment mis en garde l'Ethiopie contre la poursuite de son projet. Il a affirmé que si les intérêts de son pays étaient lésés, «toutes les options (seraient) ouvertes». Hier, les chefs de la diplomatie éthiopienne et égyptienne ont tenté de faire baisser la tension, affirmant que les relations entre leurs deux pays restaient «fraternelles». Le ministre égyptien a expliqué que les récentes déclarations avaient été faites «à chaud». «Nous avons deux options, nager ou couler ensemble», a renchéri son homologue éthiopien. «Je pense que l'Ethiopie choisit, comme l'Egypte, de nager ensemble». Les consultations à venir impliqueront l'Ethiopie, l'Egypte, mais aussi le Soudan, a précisé M.Amr. L'Egypte et le Soudan s'étaient octroyé, dans un traité signé en 1959, quand tous les autres pays du bassin du Nil étaient encore sous administration coloniale, une primauté et d'importants privilèges sur l'accès aux eaux du fleuve. Le Parlement éthiopien a ratifié le 13 juin un traité de 2010, signé par la majorité des Etats du Bassin du Nil et qui prévoit une «utilisation équitable des eaux du Nil» par les pays riverains du fleuve. Mais ce traité, qui permet notamment la mise en oeuvre des projets hydrauliques sans l'autorisation préalable du Caire, n'est reconnu ni par l'Egypte ni par le Soudan. Si elle se dit prête à discuter, l'Ethiopie a cependant d'ores et déjà rejeté l'idée de renoncer purement et simplement au barrage. L'ouvrage est, dit-elle, indispensable à ses besoins énergétiques.