Béni Thour, transformée en véritable champ de bataille, aurait enregistré quatre blessés. La visite du président dans la wilaya de Ouargla prévue aujourd'hui, risque d'être sérieusement perturbée. Les jeunes Ouarglis ont décidé de profiter de cette virée présidentielle pour exprimer leur colère. Hier, la ville a connu un climat de terreur. Des centaines de jeunes ont investi la rue principale, à partir de 7h, la marche «pacifique» a vite fait de dégénérer en de véritables émeutes. Les rues de la Palestine, Beni Thour qui ont fait la gloire des Ouarglis en coupe d'Algérie 2001, se sont transformées en vrais champs de bataille. Les insurgés du Sud réclament «un peu de ce qui se partage ailleurs», conscients qu'en Algérie «la politique ne cède que sous l'effet de la violence». Ils ont décidé de «passer à l'acte» saccageant sur leur passage les édifices publics et les magasins. L'intervention des services de sécurité n'a fait qu'exacerber la situation. Les premières confrontations ont éclaté entre les CNS dépêchés en force sur les lieux et les manifestants armés d'armes blanches et de gourdins, ces jeunes déterminés à faire entendre leurs voix, ont refusé de céder à l'appel au calme adressé par les autorités locales. Les revendications des manifestants sont exclusivement sociales «nous exigeons des postes d'emploi». Cette revendication fait l'unanimité parmi ces jeunes qui ont tenu à se démarquer du bouillonnement de la scène politique. «Nous ne faisons pas de politique, nous ne sommes pas contre le président, mais nous exigeons de l'emploi.» En effet, les Ouarglis crient à la ségrégation dans le recrutement qui s'effectue au niveau des sociétés pétrolières. «Ces compagnies pétrolières avantagent les étrangers». Entendre par là tous les diplômés qui ne sont pas de la région. En effet, selon les statistiques officielles, 20 % seulement de l'ensemble du personnel activant au sein des sociétés pétrolières de Ouargla sont originaires de la ville, 80 % viennent d'ailleurs. Une réalité qui empoisonne le quotidien. Rien ne semble, aujourd'hui, arrêter ces manifestants, le matin, dispersés par les CNS, qui n'ont pas hésité à user de leurs matraques et des bombes lacrymogènes, ils ont décidé de réinvestir le terrain dans l'après-midi. Visant principalement le siège de la wilaya, celui de la compagnie Al Khalifa et l'hôtel Al Nassr où logent les journalistes. «Nous ne croyons plus aux promesses des politiques, nous exigeons du concret», nous dit ce jeune. Les habitants de Ouargla ont été surpris par ce mouvement de colère. «On ne comprend pas ce qui se passe. Tout était calme hier», atteste une dame. Les manifestants ont bloqué la circulation routière. Les rues prises d'assaut sont sérieusement déconseillées. «Faites marche arrière si vous tenez à votre vie», nous mettent en garde les citoyens. En effet, les magasins ont baissé rideau, les Ouarglis ont préféré rester chez eux, en attendant de voir le développement de la situation. Mais les jeunes ne décolèrent pas. «Nous n'allons pas baisser les bras jusqu'à satisfaction de nos revendications», c'est leur mot d'ordre. Aujourd'hui, ces jeunes ont prévu de renouveler leur action. Cette fois, «nous allons nous adresser directement au président de la République». Ce mouvement en effet intervient à la veille de la visite de Bouteflika dans la région. Approché par nos soins, un membre de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW), M.Mohamed Senoussi a assuré que ce mouvement «ne s'inscrit pas contre la visite du président» le militant du RND a imputé cette situation aux carences enregistrées au niveau des textes de loi régissant les sociétés pétrolières. «Il faut savoir que les recrutements se font à partir d'Alger. Nous n'avons aucun pouvoir sur ces sociétés», nous déclare-t-il. Selon ce dernier, durant les années 2001-2002, 26.000 postes ont été créés dans la seule région de Hassi Messaoud. Nous nous interrogeons: «Si les jeunes de Ouargla n'ont pas les qualités requises?» A ce sujet, les autorités locales comptent proposer la création d'un institut des hydrocarbures, pour faire bénéficier la population de la ville de ces richesses. Notons que la plate-forme des revendications des manifestants sera remise aujourd'hui, au premier magistrat du pays. A l'heure où nous mettons sous presse, les émeutes continuent.