C'est aujourd'hui que commencent à La Haye (Pays-Bas) les audiences sur le cas de la ligne israélienne. A la veille d'une session très attendue de la Cour internationale de justice qui va examiner l'affaire du «mur» qu'Israël construit en Cisjordanie occupée, un attentat-suicide a été commis à Jérusalem-Ouest, occasionnant la mort de sept personnes. Curieux est en vérité le moment choisi pour commettre cet attentat. Si d'aucuns voulaient conforter la position d'Israël dans la construction de sa «ligne» de sécurité, ils n'auraient sans doute pas agi autrement. Aussi, nonobstant les victimes humaines de cet attentat, le doute reste permis malgré la revendication de l'opération par le mouvement islamiste palestinien Hamas. En l'occurrence si cela est effectivement le cas, il faut admettre que Hamas se positionne comme l'allié objectif des Israéliens qui, par ailleurs, n'éprouvent aucun état d'âme à assassiner des centaines de Palestiniens comme ils le font depuis des mois. De fait, la direction palestinienne a fermement condamné un attentat qui apparaît surtout comme une action suicidaire contre la cause palestinienne. Ainsi, dans un communiqué, émanant des responsables palestiniens, il est indiqué que «La direction palestinienne (cf: la direction palestinienne regroupe l'ensemble des organes de décision palestiniens, OLP, Autorité palestinienne et le président Arafat) juge avec une extrême gravité cet attentat et le moment délibérément choisi pour le commettre à la veille des audiences de la CIJ et alors qu'une campagne internationale de soutien aux droits palestiniens est en cours». Le texte ajoute: «La direction (palestinienne) ne peut que condamner cette attaque et ses commanditaires et leur faire porter la responsabilité des conséquences qu'il pourrait y avoir» concluant «La direction palestinienne ne peut plus passer sous silence ces actes insouciants et irresponsables envers notre cause, notre peuple et nos intérêts». De son côté, le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, qui a condamné vigoureusement cet attentat indique par ailleurs: «le gouvernement palestinien met l'accent sur le fait qu'il faut mettre un terme à de tels actes parce qu'ils servent de prétextes à Israël pour poursuivre la construction du mur, l'assassinat et les raids contre les civils palestiniens». Dans une déclaration à une agence de presse étrangère, un responsable de Hamas justifie cette action par le fait que selon lui «cette opération devrait démontrer que les raisons invoquées pour la construction du mur sont mensongères puisqu'il n'apporte pas la sécurité. Il vise à renforcer l'emprise israélienne sur nos terres». Evidemment, Israël a saisi au vol cette aubaine pour crier au meurtre, lui dont les mains sont couvertes du sang des crimes commis contre les Palestiniens. En réalité, les commanditaires de l'opération kamikaze de Jérusalem-Ouest donnent des arguments inespérés à Israël - qui depuis des mois mène une large campagne internationale justifiant l'érection de la barrière en territoires palestiniens occupés - d'autant plus que, comme cela était prévisible, il y a eu une condamnation unanime de la communauté internationale, celle-là même qui observe le silence, lorsque ce sont les Palestiniens qui sont victimes des raids de l'armée israélienne d'occupation. En fait, ce sont encore, et toujours, les Palestiniens, dont le pays est occupé par une armée étrangère, qui se trouvent sur le banc de l'infamie alors que l'occupant israélien s'ingénie à faire oublier son statut de colonisateur en forçant sur son rôle de victime. Aussi, les audiences de la Cour international de justice, qui débutent aujourd'hui l'examen de l'affaire du mur, doivent permettre de situer, au plan juridique, les responsabilités de chacun et notamment de la communauté internationale laquelle, tout en admettant le statut de puissance occupante d'Israël, est dans le même temps désarmée pour faire appliquer par l'Etat hébreu les résolutions 242 (de 1967) et 338 (de 1973) de l'ONU exigeant d'Israël le retrait de son armée des territoires palestiniens occupés. Si effectivement la communauté internationale avait le souci d'une solution équitable dans le dossier israélo-palestinien, où trop de sang a coulé, elle aurait pu, et dû, imposer aux belligérants une force internationale d'interposition entre les parties. Force réclamée par les Palestiniens mais refusée par Israël (le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU allant dans le sens de la formation d'une force internationale a été bloqué en mars 2001 par le veto des Etats-Unis). Depuis 2003, Israël a commencé la construction d'un mur censé obtenir le même résultat, qu'aurait été la mise en place d'une force internationale d'interposition, garantir la sécurité des Israéliens. Certes, mais pour Israël, accepter cette opportunité d'une force de séparation internationale, c'était se résigner à l'officialisation de la frontière entre l'Etat hébreu et les territoires palestiniens, alors qu'Israël veut la paix et la sécurité sans pour autant céder les territoires. Cqfd. (Ce qu'il fallait démontrer). Et c'est là tout le fond du problème : la terre contre la paix que préconise l'accord d'Oslo, processus rejeté par Sharon.