L'Etat hébreu qui a envoyé un document de 150 pages à la Cour internationale de justice a décidé de ne pas participer aux audiences. L'affaire du «mur de l'apartheid» viendra en audience devant la Cour internationale de justice de La Haye, CIJ, le 23 février prochain. Dans cette perspective, Israël conscient que l'avis de la Cour sur ce dossier ne pourra être que négatif, a pris les devants, d'une part en envoyant à la CIJ un volumineux document de 150 pages, tendant, selon ses promoteurs, à légitimer la construction de la «ligne», d'autre part, en décidant, d'ores et déjà, de boycotter les audiences de la Cour. Parallèlement à ces décisions, une vaste campagne sera entreprise en direction de l'opinion publique internationale par des manifestations à La Haye devant le siège de la CIJ, des campagnes de presse et d'autres actions tendant à démontrer le bien-fondé de l'érection de cette barrière qui, outre de morceler davantage le territoire palestinien de la Cisjordanie, isole plus de 350.000 Palestiniens dans un no man's land. C'est en novembre dernier que l'Assemblée générale de l'ONU a demandé à la CIJ de se prononcer sur les «conséquences juridiques de la barrière de séparation». Certes, la CIJ n'a qu'un rôle consultatif et il appartient aux instances ayant demandé son avis de se prononcer et de tirer toutes les conclusions que cet avis ne manquera pas d'appeler. De fait, pour Israël, les choses sont mal parties et peu de responsables se font réellement des illusions sur les attendus que la CIJ va être amener à prononcer. Ainsi, le ministre israélien de la Justice, Yossef Lapid (...) s'attend, selon son porte parole, à «une décision négative pour Israël dans tous les cas de figure, mais estime néanmoins que nos représentants devraient témoigner devant cette instance». Israël comprend bien que le droit international est contre le fait accompli que Sharon veut imposer aux Palestiniens mais continue néanmoins à faire accroire que l'Etat hébreu «assure son droit fondamental à la défense». Certes, mais à l'intérieur des frontières internationales d'Israël. Or, Israël occupe un pays, la Palestine, donnant lieu à une résistance nationale que les Israéliens persistent à qualifier de terrorisme. Dans le contexte de cette occupation, les Palestiniens ont pour eux le droit de se défendre par tous les moyens, droit de fait entériné par l'ONU dans le cadre du droit à l'autodétermination des peuples dans une résolution adoptée par le Conseil de sécurité en 1960. Or, le mur en question est érigé, en profondeur, à l'intérieur de la Cisjordanie, territoire reconnu comme étant un territoire occupé par l'ONU. D'ailleurs, le président français, dans un entretien au quotidien israélien Yediot Aharonot estime que le «tracé actuel (du mur) n'est pas conforme au droit international» ajoutant : «J'ai le sentiment que la construction de cette barrière selon ce tracé, créera de nouvelles frustrations et davantage de colère et qu'elle compromettra la solution de deux Etats qui fait l'objet d'un consensus international.» Est-ce suffisant pour qu'Israël comprenne enfin que c'est son occupation des territoires palestiniens qui met en danger la vie de la communauté juive? On en doute.