«Mohamed Lamari, qui a annoncé avoir plusieurs scénarios en tête, choisira sans doute le moment idéal pour sortir de sa réserve». Au yeux d'Ali-Yahia Abdenour, «le retrait de l'armée de la scène politique a laissé place nette à une fantastique machine de fraude visant le plébiscite du président pour un second mandat». Or, comme pour toute machine, un simple grain de sable peut tout inverser. Ainsi, Ali-Yahia précise ainsi que «le mémorandum relatif aux dépassements constitutionnels de Bouteflika a été élaboré et adressé à l'armée sur sa demande, exige une réponse de sa part». Comme souligné dans le premier manifeste des dix, «la neutralité de l'armée, que nous ne pouvons que saluer, devait être obligatoirement étendue au restant des institutions, notamment à l'administration. Or, cela est loin d'être le cas». Depuis l'envoi de ce fameux mémorandum, pas une réponse directe n'a été adressée, ni au groupe, ni à aucun de ses membres. Pour Ali-Yahia, le fait de rencontrer des généraux dans un cadre privé, comme l'aurait fait Hamrouche la semaine dernière, n'engage en rien cette institution. «A ma connaissance, le seul qui a été reçu au MDN et qui a été quasi officiellement assuré des garanties de neutralité électorale de la part de l'état-major de l'armée a été Benyellès. Mais, les choses ont changé depuis. Est-ce que l'armée n'est plus neutre ou est-ce qu'elle a été neutralisée. Je l'interpelle publiquement en disant Messieurs les généraux, parlez!» Pour «schématiser» un peu, explique notre invité, «l'armée ne choisit pas les joueurs. Mais en l'absence d'institutions crédibles et fortes, c'est à elle que revient le rôle d'arbitre». Il ajoute que «c'est cette Institution que visait Bouteflika en soulignant avec force ne pas vouloir être un trois-quart de président. Dans le cas où il décroche un second mandat, beaucoup de généraux risquent leur tête. Une réaction, dans l'intérêt de l'armée et du pays est donc plus que requise. Mohamed Lamari, qui avait annoncé avoir plusieurs scénarios en tête, peut choisir son moment et lieu favorable pour intervenir, au lieu que ce soit celui que nous avons choisi». Dans le chapitre des révélations sur les relations conflictuelles entre Bouteflika et ceux qui l'ont porté au pouvoir, Ali-Yahia cite Marie-Robinson à qui le président aurait dit, à la suite des enquêtes menées par les ONG en Algérie, «maintenant, je ne suis plus le protégé des généraux, mais c'est moi qui suis devenu leur protecteur. Je suis le seul à empêcher leur traduction devant le TPI. Mais les généraux ne sont pas non plus des enfants de choeur. Il savent qu'il faut des dossiers solides, que personne n'a, avant de poursuivre quelqu'un devant le TPI». En conclusion, Ali Yahia, qui estime que «les généraux sont avant tout des patriotes, soucieux de la cohésion de l'armée garante de l'intégrité territoriale, prendront le temps de débattre le sujet avant de réagir. Mais je reste convaincu que cette réaction aura lieu». Il note, au passage, «la puissance inouïe du Drs qui lui permet de bloquer toute l'administration du pays en à peine 72 heures, et d'inverser n'importe quelle machine électorale au profit ou contre n'importe quel candidat». Ali-Yahia, qui attend quand même que l'armée prenne absolument position, insiste aussi pour dire que «le groupe doit se poser la question sur ce qu'il doit, ou peut faire, mais aussi sur le rôle, censé être déterminant, du peuple algérien».