A peine l'année scolaire entamée que le spectre de la grève plane déjà sur cette université, où plusieurs facultés ont débrayé. C'est dimanche après-midi que la rumeur, qui faisait état d'une grève imminente des étudiants, a pris forme. Plusieurs étudiants de différentes facultés ont choisi le recours extrême pour faire aboutir leurs revendications. Dans les couloirs du bloc des lettres, des slogans hostiles à l'université en général et à l'administration en particulier ont été affichés. Les nombreux étudiants en langues vivantes ont refusé de rejoindre leurs classes, entendant faire pression sur l'administration. D'autres facultés leur emboîteront le pas créant un climat de tension dans le campus de l'université Aïn El-Bey. Les revendications, comme le souligne un étudiant, sont multiples. «Il y a le fait que cette année l'administration est complètement dépassée. Pour le moment, plusieurs sections n'ont pas eu une classe ou un amphi qui leur a été affecté. Nous poireautons ici depuis plusieurs jours sans qu'aucune solution sérieuse ait été proposée. Les responsables veulent nous imposer des horaires qui vont jusqu'à dix-neuf heures, ce que nous rejetons catégoriquement, vu qu'après dix-huit heures, le transport n'est plus assuré et que les résidents risquent de rater le dîner.» La colère des étudiants a aussi été exacerbée par la lenteur de l'étude des dossiers concernant l'obtention d'une chambre dans une cité universitaire. Nawel, qui vient de Tébessa, nous déclare: «Je suis à Constantine depuis le 12 octobre, et chaque jour je fais le parcours du combattant. Pour obtenir un lit, on ne parle plus de chambre aux «2.000 lits». L'accord de principe, je l'ai. Mais la clé de la chambre ne vient pas et chaque jour on me promet que c'est pour le lendemain. Dans mon cas, ce n'est pas grave vu que ma tante m'héberge provisoirement. Mais je peux vous dire qu'il y a des centaines d'étudiants et d'étudiantes qui n'ont pas où passer la nuit.» A la tour administrative, on reconnaît les nombreuses lacunes qui entachent le bon déroulement des différentes opérations. «Dans une université qui n'est prévue que pour 20.000 étudiants, nous en sommes à 50.000. De plus, tous les bacheliers de l'Est se font un point d'honneur à vouloir étudier à Constantine bien que les filières choisies existent à Biskra, Batna, ou Tébessa, par exemple. La deuxième session du Bac ne nous a pas facilité la tâche. Rien que pour la faculté de droit, il y a près de 3.000 inscrits en première année. Je ne vous parle pas des difficultés pour nous d'assurer gîte et couvert à des milliers d'étudiants». Propos très révélateurs sur une université surchargée. A titre indicatif, la cité universitaire «2000 Lits» en est à 4.000 résidentes inscrites, et le meilleur ou le pire, c'est selon, est à venir. Dans tout cet imbroglio, les «Unions» d'étudiants et autres syndicats d'étudiants politisés font déjà dans la récupération. Mais ça, c'est encore une autre histoire...