Les signatures passées au crible. Selon des indiscrétions recueillies, hier, à Club des Pins, Bouteflika, Benflis et Hanoune ont, après le décompte préliminaire, franchi le cap des 75.000 signatures. La presse nationale a été, donc, l'hôte de M.Bédjaoui pour constater de visu l'opération du contrôle des signatures déposées par les 9 postulants à la magistrature suprême. A 10 h, le président du Conseil constitutionnel, entouré de plusieurs journalistes, rappelle les raisons du transfert de cette opération de Hydra au Palais des nations: «Nous n'avons, malheureusement, pas un siège commode à Hydra. Vu le nombre important de documents à traiter, on a jugé utile de se déplacer à Club des Pins.» Aussitôt, des interrogations fusent de partout mettant parfois l'interlocuteur dans la gêne. Ainsi, sur les conditions qui ont présidé au choix des 200 magistrats et hauts fonctionnaires de l'Etat appelés pour le décompte des formulaires, Bédjaoui dira: «Nous avons sollicité les institutions de l'Etat pour désigner des agents qui vont procéder au décompte. Nous avons préféré qu'ils soient des résidents d'Alger ou de ses environs, car nous n'avons pas un budget conséquent pour prendre en charge les fonctionnaires des wilayas éloignées.» En effet, la majorité de l'effectif sont des magistrats de la Cour suprême, du Conseil d'Etat et des cours d'Alger. Dans la foulée, le président du Conseil constitutionnel rappelle les conditions exigées par la loi pour valider une candidature. Ainsi, il est demandé au candidat de collecter 75.000 signatures dans 25 wilayas au minimum ou 600 paraphes d'élus. Sur ce point précis, Bédjaoui souligne que le signataire doit avoir au moins 18 ans et ne signer qu'un seul formulaire. La première escale dans ce monde top secret est une salle où se trouvent les boites de formulaires. Sur ces boîtes, on constate les noms de Sadi et de Touati. Il y est indiqué le nombre de voix dans chaque boite ainsi que le nom de la wilaya où elles ont été récoltées. Dans ce sens, un membre du Conseil constitutionnel précise que le dépôt de ces boîtes s'est fait par le candidat en personne ou son représentant en présence d'un membre du Conseil constitutionnel et d'un agent de sécurité. Ensuite, les journalistes accèdent à la cuisine interne de l'opération où s'effectue le dépouillement manuel des formulaires. Sur-le-champ, le dossier de Rebaïne est passé au crible par les agents. Tout doit se vérifier: l'immatriculation du formulaire, le nom et le prénom du signataire, les noms de la wilaya, de la daïra et de l'APC, mais aussi et surtout le numéro de la pièce d'identité du citoyen et le sceau du président de l'APC ou de l'huissier validant le formulaire. Il est à signaler que le formulaire, pour qu'il soit validé, doit porter, également, le nom du candidat. Par la suite, le document est acheminé pour le compostage. Dans cette salle, on remarque que les agents se penchent sur le dossier de Hanoune. Ils annulent l'immatriculation du ministère de l'Intérieur sur le formulaire pour la remplacer par une nouvelle numérotation propre au Conseil constitutionnel. Une fois la tâche terminée, tous les formulaires passent par le logiciel. Pour ce faire, 100 micro-ordinateurs sont réceptionnés avec un encadrement de 250 agents de saisie. Pour se prémunir contre toute question embarrassante, Bédjaoui déclare: «Dans cette opération, il n'y a ni sentiments ni conviction. C'est l'informatisation qui tranche.» Un autre agent informatique indique que plus de 100 copies sont saisies toutes les 20 secondes. La moindre anomalie peut être détectée par le logiciel. Avant-hier (mardi) par exemple, sur les 20.000 copies traitées, il a été enregistré 1% d'erreurs. Appuyant ces dires, Bédjaoui avoue que le travail débute à 8h et ne se termine qu'à minuit. Ce rythme soutenu a fait dire au président du Conseil constitutionnel que l'opération peut s'achever dans une semaine. Sur cette question justement, un membre de cette institution affirme que les résultats définitifs seront annoncés dès la fin de la validation.