Les islamistes veulent «tirer» certains démocrates de leur camp pour élargir leur cercle en vue de présenter un candidat commun à la présidentielle. La maladie du chef de l'Etat et l'écartement de l'éventualité de sa candidature pour un quatrième mandat précipitent les choses au sein de la classe politique. Les islamistes sont les premiers à s'agiter en prévision de la prochaine élection présidentielle. Les démocrates, ou du moins ceux que l'opinion situe dans le camp de l'opposition démocratique, tentent de se rapprocher. Dans leur démarche, certains islamistes aspirent à «tirer» certains démocrates de leur camp pour élargir leur cercle en vue de présenter un candidat commun à la présidentielle. Si les islamistes commencent à réussir leur «pari» de s'unir, ce n'est pas le cas des démocrates qui sont, plus que jamais, divisés. Les islamistes ont leur raison d'y croire. Les démocrates s'accusent les uns les autres d'être la création des «services»; ce qui rend non envisageable leur union. Et pour cause. Le FFS, plus vieux parti de l'opposition, appelle de tous ses voeux à la reconstruction de consensus national. Mais à l'occasion de son congrès, tenu les derniers jours du mois de mai dernier, il n'a invité aucun parti politique. Avec qui veut-il donc reconstruire ce consensus national? Pour sa part, le RCD tente, en vain, de fédérer les forces de l'opposition démocratique. Il est arrivé à la conclusion que «aujourd'hui plus que jamais, il faut dépasser les positions sectaires et les cadres partisans réducteurs pour placer l'Algérie au-dessus de toute autre considération». Ce parti a appelé, à l'occasion de sa convention nationale pour une Constitution pérenne, à un compromis politique entre les différents courants. Il reste à savoir si les partis vont mettre de côté leur ego en rejoignant cette initiative. Pas si évident car les appels à ce genre de compromis ont tous été voués à l'échec. Et ce n'est certainement pas avec le FFS que cela se fera. Peut-être plutôt avec les islamistes qui guettent la moindre occasion pour déjouer une bonne fois pour toutes la stratégie de fragmentation de la classe politique pratiquée par le système politique. L'initiative du RCD n'est pas la première du genre. Des personnalités politiques de l'opposition ont lancé récemment deux initiatives allant dans ce sens mais sans aucun éclat. Abdeslam Ali Rachedi, Tarek Mira et Hamid Ouazar ont lancé, le 29 mai dernier, une Campagne nationale pour la IIe République. Sans suite. Quelques jours plus tard, Ali Brahimi a lancé le Mouvement citoyen pour les libertés et le développement (Mcld). Il vise à faire de la prochaine mandature présidentielle une transition vers un système politique démocratique. L'initiative n'a pas trouvé d'écho pour le moment. Et si les démocrates sont toujours otages de la stratégie de fragmentation, ce n'est pas le cas des islamistes qui commencent à la déjouer et s'en libérer. Les victoires électorales des islamistes dans les pays du Maghreb ont encouragé les islamistes à tenter cette union. L'Alliance de l'Algérie verte (AAV), créée dans le sillage des élections législatives du 10 mai 2012, en est le premier pas. Le nouveau président du MSP, Abderrazak Mokri, qui a assisté à la convention nationale du RCD, veut, à présent, élargir cette alliance. Il prend contact avec Abdelmadjid Menasra, président du Front de changement (FC). Ce dernier envisage de dissoudre son parti pour réaliser cette union. Mokri contacte aussi Abdellah Djaballah, président du Front pour la justice et le développement (FJD). Dans leur stratégie, les islamistes veulent un candidat consensuel entre les courants nationalistes, démocrates, laïques et islamistes pour contrer le candidat du système. Si tel serait le cas, ce candidat consensuel dont le choix obéira aux rapports de force de toutes ces tendances, ne pourra être qu'islamiste. Et le peuple se trouvera toujours face à ce choix: «La peste ou le choléra.»