Le président français, François Hollande, reconnaît les «blessures» des relations entre la France et la Tunisie Les événements en Egypte ont donné au voyage du président français une importance particulière, mettant en exergue l'action de la France en Tunisie. La visite du président français, François Hollande, en Tunisie qui a été reportée à plusieurs reprises était finalement bien tombée. Les événements en Egypte ont donné au voyage du président français une importance particulière, mettant en exergue l'action de la France en Tunisie. Aussi, cette visite est-elle perçue comme une main tendue pour sauver ce qui peut l'être de la Tunisie de Ghannouchi face au risque de contamination égyptienne. Parler de ce qui se passe en Tunisie était donc inévitable, voire une obligation. Interrogé sur les événements en Egypte, M.Hollande a commis un lapsus révélateur: «La France a pris acte de la situation en Tunisie.» Avant de se rattraper en jouant sur les mots: «Pardon, je prends acte aussi de la situation en Tunisie qui celle-là permet d'engager la transition démocratique.» Même s'il n'a pas prévu de rencontrer Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda, la visite de Hollande en Tunisie était importante pour jeter les bases d'une véritable coopération politique et surtout commerciale. Dans un discours devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), le président français a tenu à apporter son soutien politique, rendant hommage à un pays qui a montré l'exemple en janvier 2011 et qui, malgré toutes les épreuves, saura montrer une nouvelle fois l'exemple. Le président Hollande a surtout rappelé qu'il était le premier chef d'Etat français à se rendre en Tunisie depuis la révolution, et cela pour refonder les relations et tirer toutes les leçons du passé, même les plus controversées. Le président socialiste français était venu à Tunis aussi pour casser cette image d'un pays qui avait soutenu presque jusqu'au bout le régime de Zine El Abidine Ben Ali, allant jusqu'à assurer que «l'Islam et la démocratie (étaient) compatibles» et accorder ainsi sa «confiance» au gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahda. M.Hollande a cependant apporté sa touche en rappelant que la transition démocratique en Tunisie n'est pas des plus simples, saluant la mémoire de l'opposant laïc, Chokri Belaïd, assassiné en février dernier. Le président français n'a pas hésité à marquer, lors de cette visite, sa différence du traitement des relations entre Tunis et Paris avec son prédécesseur. A l'époque, rappelle M.Hollande, il était dans l'opposition et qu'à ce moment-là, en France, des Tunisiens sont venus le voir, espérant le soutien de la France dans ce moment décisif, exprimant ainsi leur déception. Le soutien français à Ben Ali sous la présidence de Nicolas Sarkozy avait laissé un goût amer à de nombreux Tunisiens, en particulier les déclarations de la ministre des Affaires étrangères d'alors, Michèle Alliot-Marie qui proposait le «savoir-faire» policier français alors que la répression battait son plein à Tunis. François Hollande est aussi revenu sur le passé colonial, annonçant une mesure symbolique attendue depuis longtemps en Tunisie: l'ouverture des archives françaises sur l'assassinat du dirigeant nationaliste et syndical, Ferhat Hached. Dans cet esprit, François Hollande s'est rendu au mausolée de Ferhat Hached et devait rencontrer la veuve et le fils de ce dernier ainsi qu'il s'est engagé auprès des représentants de l'Ugtt à rechercher toute la vérité sur l'assassinat de ce syndicaliste en 1952. Cet assassinat est largement considéré en Tunisie comme l'oeuvre de la Main rouge, organisation paramilitaire à l'époque du protectorat. Aucune preuve d'une implication des autorités françaises n'a été jusqu'à présent apportée. Mais le président français a, d'ores et déjà, donné instruction que toutes les archives soient rendues publiques, sans aucune exception. Le dernier jour de la visite de M.Hollande devait prendre un tour plus commercial, puisque la France est le premier partenaire économique et commercial de la Tunisie avec la présence de plus de 1300 entreprises représentant 125.000 emplois. A ce propos, M.Hollande a promis devant l'ANC, que l'Agence française de développement investira dans la réhabilitation des quartiers populaires, l'alimentation en eau potable, la formation professionnelle, l'amélioration des liaisons ferroviaires, et le développement agricole. Enfin, pour marquer son total attachement au peuple tunisien et soutenir la Tunisie qui passe par une période politique et économique difficile, le président Hollande a appelé les Français à venir faire du tourisme dans ce pays. Une déclaration qui a été faite sous les applaudissements des députés de l'Assemblée constituante tunisienne..