L'ex-archevêque de Buenos Aires, connu pour son attention à l'égard des plus déshérités, va sur l'île méditerranéenne «pour pleurer les morts», a expliqué son secrétaire particulier, le père Alfred Xuereb. Le pape François se rend demain à Lampedusa pour une visite sans précédent sur l'île sicilienne, afin de sensibiliser l'opinion au sort des milliers de migrants d'Afrique du Nord qui traversent chaque année la Méditerranée au péril de leur vie. L'ex-archevêque de Buenos Aires, connu pour son attention à l'égard des plus déshérités, va sur l'île méditerranéenne «pour pleurer les morts», a expliqué son secrétaire particulier le père Alfred Xuereb. «Sa présence est un signe pour démontrer que tandis qu'au Nord, il y a des riches qui gaspillent leurs ressources, il y a un Sud qui quitte tout pour tenter sa chance et souvent ne trouve en face que la mort», a-t-il ajouté. En 2011, au moment des printemps arabes, Lampedusa, confetti de 20 km2 où vivent 6.000 personnes, avait été submergée par une vague de 47.650 migrants venus de Tunisie et Libye, à bord de bateaux de pêche endommagés ou de bateaux pneumatiques en mauvais état. Les flux étaient redescendus à 5.166 migrants l'an passé suite à des accords pour patrouiller le long des côtes avec les nouvelles autorités libyennes et tunisiennes. Mais au premier semestre de cette année, on comptait plus de 3.600 nouveaux arrivants à Lampedusa, trois fois plus que sur la même période de 2012. Des centaines de candidats à l'émigration ont péri en tentant de traverser la Méditerranée ces dernières années, et le pape leur rendra hommage dès son arrivée dans le port de Lampedusa demain matin, en lançant une couronne depuis un bateau de pêcheurs. Il se rendra ensuite sur le quai où sont débarqués les migrants quand ils sont secourus par les autorités italiennes, et rencontrera un groupe arrivé récemment. Le Vatican a prévu une visite «dans la forme la plus discrète possible», refusant que le pape, pour son premier voyage hors de Rome, soit accompagné de responsables politiques. Il a même décliné une requête du ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano. Le pape qui célèbrera (dans la matinée) une messe sur le petit stade de l'île priera pour les victimes, verra des réfugiés mais entend aussi prodiguer ses encouragements aux habitants de l'île qui, malgré de faibles moyens, n'ont jamais refusé leur solidarité aux migrants exténués. «Le Christ sur l'île est dans tous ceux qui arrivent mais aussi dans la population locale qui les accueille», a écrit le cardinal Antonio Maria Veglio, chef du Conseil pontifical pour les migrants, dans le journal du Vatican, l'Osservatore romano. Lampedusa et sa dizaine de plages sont depuis une trentaine d'années une destination touristique prisée en particulier en été. Plus proche des côtes nord-africaines (à 100 km) que de la Sicile (300 km), elle est historiquement et économiquement liée à la rive italienne et est devenue désormais la porte d'entrée en Europe des migrants venus d'Afrique.