A la sortie des Pyrénées, le 100e Tour de France aborde la deuxième semaine de course avec son favori, le Britannique Chris Froome, déjà habillé du maillot... Les dés semblaient jetés jusqu'à... l'incroyable journée de l'équipe Sky, aussi noire que la couleur de son maillot, dimanche, dans les Pyrénées centrales. L'horizon, jusque-là limpide pour «Froomey» et les siens, s'est brutalement obscurci. Plus encore dans la perspective de la troisième semaine dans les Alpes que pour les prochaines journées, consacrées à la traversée de la France de la plaine, depuis la Bretagne jusqu'à la vallée du Rhône. L'Australien Richie Porte, son deuxième homme fort, est redevenu équipier, appelé à jouer un rôle fondamental en montagne. Dans le camp britannique, tout repose désormais sur le leader, désigné bien avant que la 100e édition s'élance de Corse, pour le plus beau départ de l'histoire récente de mémoire de suiveur. Mais, jusqu'à présent, le «Kenyan blanc» n'a donné aucun signe de faiblesse, bien au contraire. Il va maintenant rassembler ses troupes. Supérieur individuellement à tous ses adversaires, dans le droit fil de ses résultats de la première partie de la saison, le maillot jaune n'a pas d'opposant direct à son niveau. A moins d'un rétablissement rapide d'Alberto Contador. En revanche, Froome est confronté à des blocs, des équipes qui se sont retrouvées en supériorité numérique dimanche dans l'étape-reine des Pyrénées, sans pour autant conclure. Saxo (Contador 6e, Kreuziger 5e), Belkin (Mollema 3e, Ten Dam 4e) et surtout Movistar (Valverde 2e, Quintana 7e, Costa 10e) possèdent des coureurs classés en haut du tableau, à moins de trois minutes. Le prochain rendez-vous montagneux est fixé au Ventoux, une montée sèche à tous les sens du terme en conclusion dimanche d'une très longue journée (242,5 km). Auparavant, le Tour entame à partir de la Bretagne une longue randonnée, favorable aux sprinteurs, qui devront ensuite attendre le dernier jour, le 21 juillet, pour retrouver un parcours adéquat. Car la troisième semaine, dans les Alpes, est «très rude», suivant l'expression de Christian Prudhomme. «Les quatre meilleurs sprinteurs du peloton (Kittel, Cavendish, Greipel, Sagan, par ordre chronologique) ont gagné chacun une étape», rappelle le directeur du Tour. Ils vont essayer maintenant de doubler, ou tripler la mise au cours de cette deuxième semaine qui s'annonce compliquée pour les baroudeurs. A moins que la chaleur, facteur déterminant de ce 100e Tour, ait laminé les organismes dans les équipes chargées de museler les échappées. Le point d'orgue? Il est fixé dans le cadre somptueux du Mont-Saint-Michel, la «merveille de l'Occident», qui accueille mercredi le premier des deux contre-la-montre individuels de la course (33 km). Froome, de loin le meilleur des grimpeurs dans cet exercice, doit prendre ses distances au classement. Dans quelles proportions? Les pièges, cependant, sont présents tous les jours dans le Tour. A commencer par la traversée de la Bretagne, la fille aînée du cyclisme français, qui s'apprête mardi à faire fête à ce Tour centenaire... mais toujours gaillard.