Irrité par le retard accablant en matière de traitement des dossiers des entreprises du secteur privé, Mohand Saïd Naït Abdelaziz, vice-président de la Cnpa (Confédération nationale algérienne du patronat), demande des comptes aux banquiers afin de clarifier la situation des entreprises algériennes qui ont fait des recours pour le règlement de leurs situations. «Nous avons déposé 1400 dossiers à l'Abef afin de répondre aux différentes situations liées à la vie et le développement des entreprises privées, mais malheureusement, nous n'avons reçu aucune réponse depuis plus de deux ans», a déploré, hier, Naït Abdelaziz, lors d'une conférence de presse au siège de l'Ugcca à Belouizdad, à Alger. Le conférencier a souligné que les normes internationales en termes de créations d'entreprises, prévoient une moyenne de 30 à 50 entreprises pour 1000 habitants, alors que dans le pays, «nous n'avons que 15 à 16 entreprises par 1000 habitants, d'où le passage de 7 milliards d'importations en 2005 à 50 milliards de dollars en 2013, à cause du délaissement du secteur privé» a-t-il ajouté. D'autre part, le pacte économique et social mis en place lors des différentes tripartites, devait se renouveler chaque quatre ans, mais depuis 2010, c'est le statu quo qui rend la visibilité économique et sociale des plus difficiles face aux besoins de l'évolution de l'environnement de l'entreprise du secteur privé. Le secteur privé a vécu grâce au secteur public qui a soutenu le privé durant des décennies, mais depuis l'ouverture du marché national, le secteur privé, «s'est envolé de ses propres ailes», a souligné M.Naït Abdelaziz qui a déploré la continuité du monopole de l'Etat sur le secteur privé depuis plus de 20 ans. De son côté, Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Ugcca, a estimé à 76,9%, le taux des travailleurs du secteur privé qui ont été déclarés à la Cnas (Caisse nationale d'assurances sociales) en dehors de la Fonction publique, tel que l'enseignement, la santé, la création d'emploi, reste en deçà des capacités du secteur privé. «Le secteur du commerce doit résorber un déficit de 2 millions de registres du commerce en plus de 1.600.000 existants, afin de s'inscrire dans les normes internationales», a affirmé Hadj Tahar Boulenouar. Invité à s'exprimer en tant que spécialiste dans le domaine économique, le Dr Tchikou a relevé l'absence d'esprit de compétitivité et d'innovation dans les entreprises avant de donner l'exemple du géant industriel Samsung qui emploie 45 000 chercheurs afin de mettre l'entreprise au diapason de l'économie mondiale. «Il faut une véritable coordination entre l'université et le secteur des entreprises afin de relever les défis économique et social en Algérie», a rappelé le Dr Tchikou.