La mendicité est très... rentable La mendicité est tellement rentable qu'elle est exercée ces dernières années comme une véritable profession. Après une régression sensible ces derniers mois, la mendicité est revenue très vite dans la ville d'Oran et ses alentours à l'occasion du mois sacré du Ramadhan. Ainsi, les Oranais, ahuris, assistent à des scènes impressionnantes: des mendiants de tout âge et des deux sexes ont, dès le premier jour de jeûne, envahi les artères principales de la ville. Ils sollicitent l'aumône au point d'agresser les passants (sadaka). Ces derniers viennent des villes avoisinantes. Aucun passant insensible n'est en mesure de faire la distinction entre les vrais et les faux impécunieux. La mendicité est tellement rentable qu'elle est exercée ces dernières années comme une véritable profession, du moment que les âmes charitables donnent sans rechigner. «Nous accomplissons notre devoir de bienfaiteurs sans trop chercher si cette sadaka est tombée dans la main d'un vrai nécessiteux ou celle d'un faux», a affirmé Mohamed Kadi. Celui-ci a, après avoir été apostrophé par une mendiante, sommé de verser la somme de 1500 DA. «C'est le Ramadhan, mois de piété», a-t-il lâché modestement. Dans les rues d'Oran, ils sont très nombreux qui s'agrippent aux passants, les implorant de «verser» la sadaka. Hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, enfants, se transforment en mendiants, une manière de faire face aux dépenses colossales exigées par le Ramadhan. Des femmes âgées pointent devant les boulangeries dès leur ouverture et guettent les clients à leur sortie. La majeure partie de ces femmes ne prennent comme sadaka que l'argent. Les enfants, font du porte-à-porte et quémandent de l'argent, rien que de l'argent. Les sans-domicile-fixe, eux, sont connus par le commun des Oranais. Leur nombre est en constante augmentation. Ces derniers se mettent, eux aussi, de la partie en harcelant les citoyens dans les artères de la ville ou devant les feux tricolores. La mendicité est devenue une activité professionnelle. Une dame, traînant un bébé, ne lâche personne sur son passage. Un vieillard, bénéficiaire d'une pension importante, ne s'est pas gêné en faisant la manche dans la rue Khemisti. Une dame d'un certain âge se met à pleurer à la moindre approche d'un passant. Les vrais pauvres ne manifestent jamais leur misère. Ils se contentent de prendre leur mal en patience. Conscients de cette triste réalité, les responsables de la direction de l'action sociale, appuyés par la police, ont, dans un passé récent, initié des sorties plus ou moins répressives. Au terme de plusieurs opérations, plusieurs faux mendiants ont été interpellés. Après examen de leur cas, plusieurs ont été placés à Diar Rahma de Misserghine et après quelques jours ont fui les dites maisons pour renouer avec la rue et la mendicité. Apparemment, ça rapporte beaucoup mieux qu'un salaire d'un agent! En effet, l'une de nos sources a affirmé que le mendiant de la rue Larbi Ben M'hidi peut facilement engranger pas moins de 10.000 DA rien qu'en tendant la main durant moins d'une demi-journée. C'est le cas de ce handicapé, assis sur son fauteuil roulant, qui ne tolère jamais les petites pièces hormis le billet qu'il a baptisé du nom de «Taureau». Une autre femme, faisant croire qu'elle va soigner sa fille paraplégique qu'elle expose aux passants, pointe dès les première heures de la journée au niveau des Arcades en plein coeur d'Oran. Les Arcades sont réputées pour être un lieu de prédilection, très rentable pour les mendiants. Globalement, il est très difficile d'extirper ces personnes de ce créneau vicieux. Les services de l'action sociale ainsi que ceux de la sûreté de wilaya sont, encore une fois, appelés et interpellés à mettre l'ordre en «nettoyant» la ville en mettant un terme à ce phénomène humiliant. Pourtant, rien ne manque si l'on prend comme référence l'important budget alloué par la collectivité locale à l'opération de solidarité dédiée aux démunis. A cela s'ajoute l'implication impressionnante du Croissant-Rouge, des bienfaiteurs et des particuliers.